Lundi soir, je slalome entre les chalets du marché de Noël pour me rendre au Stravinski pour le Gala de clôture du Montreux Comedy Festival.
Me voilà arrivée devant le “stand” presse, la dame me dit de coller l’autocollant VIP que j’ai reçu sur moi-même et de me présenter avec mon billet à l’entrée, merci madame.
Je téléphone à l’une de nos acolytes du LBB, Julie, qui est aussi présente à Montreux pour son activité professionnelle. Elle me dit de la rejoindre dans les coulisses… je frémis, est-ce que le pass magique VIP me permet d’atteindre les zones secrètes du Stravinski?
Eh ben oui! Vous le croirez ou non, mais le jeune homme à la seconde porte a vu mon autocollant et m’a dit “avec ça, vous pouvez aller partout”. Me voilà donc rejoignant les coulisses et notre Julie qui s’occupe des réseaux sociaux pour la RTS et de diffuser les infos concernant cette grande soirée. Sachant que c’est un lieu plutôt discret où les artistes se préparent avant le show, je reste de marbre quand je reconnais des “têtes connues” autour de moi, pour ne pas trahir le mode “professionnel”.
Après près d’une heure de retard, le show va bientôt commencer. Je rejoins ma place et là un staff vient nous prévenir que nous ne pouvons pas nous lever pendant toute la durée du spectacle car nous sommes juste devant les caméras et comme le show passe en direct sur deux chaînes de télévision, il est malvenu qu’on aperçoive quelques têtes à l’écran.

Là, une femme, la gardienne du temps pour la soirée, arrive sur scène et nous demande de “répéter” les applaudissements que nous devrons produire pendant le générique. Je ris intérieurement car cela me fait penser aux scènes que j’ai vues dans des films où il y a des chauffeurs de salle pour des jeux télévisés moisis, soit. On répète. Là, elle nous demande d’être attentifs aux différentes blagues, d’être coopérants avec les humoristes même s’ils s’adressent à nous et de rire fort pour que les téléspectateurs aient l’impression qu’il y a une “ambiance de folie”… super.. on crie, et moi je prie pour que le spectacle commence.
Voilà le vrai générique, les applaudissements en folie, le public qui crie et Arnaud Tsamère, sorte de monsieur Loyal de la soirée, qui entre en scène et nous annonce le thème du spectacle : #hyperconnecté. Ce sera surtout son fil rouge tout au long de ses brèves apparitions entre les sketchs; des petits sketchs convenus et chronométrés. Le thème imposé n’avait pas l’air d’être aisé pour Arnaud Tsamère. Dommage, car je le trouve plutôt doué, quand il est dans son monde. De plus, Il va devoir combler le temps des publicités françaises, car comme on l’apprendra au moment de la coupure “pub”, la télévision suisse et nous-mêmes, spectateurs, n’avons évidemment pas de coupures. Donc Arnaud a pu faire quelques mises en scène supplémentaires qui étaient somme toutes plus drôle que les sketch sur les nouvelles technologies.

Mais son rôle principal reste celui d’introduire les invités. Il appelle donc les premiers, les Chevaliers du Fiel. Le sketch commence et là, j’ai peur. Le thème est super lourd, ils se moquent et imitent la façon de parler d’une personne mal entendante tout ça pour que le dénouement nous montre que la personne n’est en fait pas mal-entendante mais qu’elle profite d’avoir des avantages en jouant la carte du “handicap”. Je suis carrément outrée par ce message et la méchanceté qui émane de ce sketch. La suite, globalement ne m’a pas emballée. J’ai vu une kyrielle d’humoristes avec des thèmes assez répétitifs et avec assez peu de subtilité dans l’ensemble. Le délire scato, la sexualité, le rapport hommes-femmes (ou plutôt la discrimination envers les femmes) et les blagues plus que douteuses ont rythmé cette soirée.
Je pense toujours qu’il est intéressant, cependant, d’avoir un Gala comme celui-ci qui permet au public de découvrir et voir ou revoir des artistes hétéroclites. Et c’est vrai que c’est un pari périlleux car sur un passage, un sketch, il est parfois difficile de “juger” des performances d’un artiste. Comme ce fut le cas pour François-Xavier Demaison, habituellement, je le trouve plutôt doué mais ce soir-là, le sketch proposé ne m’a pas transportée dans l’euphorie.


Certains quand même sont sortis du lot. Une jolie surprise, Pierre Croce, jeune humoriste qui fait son sketch accompagné d’un Powerpoint, plutôt original et qui allait bien dans le thème de la soirée pour le coup. Mais sinon, je pense sincèrement que les humoristes qui m’ont plu sont ceux ou celles qui m’avaient plu lors de différents passage en télé ou ailleurs. Le jeune Artus, par exemple, que j’avais vu ici ou là faire des sketchs supers, avait un sketch très provocateur et aux limites de la bienséance: mais si c’est bien écrit alors cela passe apparemment. Baptiste Lecapelain, qui était l’une des têtes d’affiche de ce gala, a été à la hauteur de sa réputation. Il a joué un extrait de son nouveau spectacle : “Origines”. Ces deux humoristes, pré-cités, ont un sens de la scène, du spectacle qui sortait du lot par rapport aux autres artistes présents ce soir-là.

Et donc, je ne vous parle même pas de Bigard. Il n’était pas annoncé et j’en ai eu la surprise pendant le show. Un sketch sur sa paternité, bon pourquoi pas, mais voir un homme de 60 ans nous dire à quel point c’est dur de ne plus aller boire l’apéro avec les copains pour s’occuper des ses jumeaux… ça sonnait un peu faux; et comme un ami m’a dit, Florence Foresti en a certainement mieux parlé que lui. Enfin, Bigard, on aime ou on n’aime pas, mais disons que quand il nous parle de son “lâché de salopes”, j’adhère presque plus que quand il est grossier sur la vie de ses enfants, enfin à vous d’en juger.

Bon suivant et suivant et suivant. Pour finir avec Olivier de Benoist qui joue consciemment sur la “misogynie”. Par exemple, il nous a passé pendant 5 minutes des “diapos” où il reprenait scrupuleusement des clichés plus que stéréotypés et ringards des rapports hommes-femmes. D’abord, il montre une photo d’un homme très musclé en posant la question: ” qu’est-ce qui fait hurler une femme avant son mariage”? Et ensuite en posant la même question mais en modifiant le “avant” par “après le mariage”, il nous montre une photo de chaussettes sales au sol. Il enchaîne en inversant la question, donc “qu’est-ce qui fait crier un homme avant le mariage? ” en nous montrant une femme dévêtue et ensuite “qu’est ce qui fait crier un homme après son mariage?” et là, on voit une photo d’une femme à côté d’une voiture qui a subi un accident. Désolation pour ma part… et tout à coup, je me suis dit que j’étais face à l’humoriste moyen qui parlait aux beauf’…dommage.
Au final, si je retourne au Montreux Comedy Festival, je me dirigerai vers les humoristes que j’apprécie déjà et je serai prévenue que les galas regroupent tout un tas de gens drôles…et moins drôles.
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