From Bab El-Oued to Switzerland

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Pas toujours facile de quitter le bled algérois pour les contrées helvétiques. Le récit de Kahina.

J’ai rejoint mon mari en Suisse le 2 mai 2002. Le lendemain de mon arrivée, j’ai reçu ma toute première lettre. L’expéditeur n’était pas n’importe qui : les impôts. C’était une charmante façon pour me souhaiter la bienvenue.

Je me suis dit « la journée commence bien ». Et je n’avais pas tout à fait tort puisque quelques heures plus tard, le téléphone sonne. Une dame proposait de me vendre un produit contre les acariens qui paraît-il polluent même dans les matelas. Elle m’a expliqué avec beaucoup d’énergie l’importance de mater et de neutraliser ces bestioles. Cela n’a pas été évident pour moi de lui faire comprendre que je n’étais en Suisse que depuis 24 heures et que je ne pouvais pas m’engager dans l’achat de ce type de produits. Lorsque j’ai réussi enfin à raccrocher, je me suis rendue à l’épicerie du village. Au moment de payer, j’ai sollicité une traduction…pour huitante centimes. Depuis, je me suis bien rattrapée.

Il m’a fallu une longue période d’apprentissage pour essayer de m’adapter à mon nouveau mode de vie. Une longue période car je ne pouvais pas tourner la page sur les vingt cinq années passées en Algérie d’un revers de main. Outre le tri des déchets, il y a eu aussi les expressions vaudoises, la multitude de magasins, de produits, la vente par correspondance, le réseau de transport, les abonnements….et puis le silence. Au début, je trouvais que c’était reposant mais à la longue… Cela me manquait, et encore aujourd’hui, d’entendre les gens rire dans la rue et faire mon marché comme autrefois. Le marché, justement, parlons-en. J’adorais aller aux marchés des fruits et légumes d’Alger. Une ambiance formidable régnait dans chacun d’eux. Les marchands vous souhaitent la bienvenue et vous proposent leurs produits en prenant de vos nouvelles. Le tout sous le parfum coloré des épices et les jolies formes des différentes sortes de pains. Pourtant, je continue à me rendre au marché d’Yverdon-les-Bains tous les samedis. J’achète mes légumes toujours chez le même paysan. Non pas pour la qualité de ses produits mais à cause de sa voix. Oui, vous avez bien lu « à cause de sa voix ». Il donne de la voix et il est toujours de bonne humeur. Il taquine ses clients avec son éternel sens de l’humour. C’est incroyable pour un Suisse ! Ce que je recherche avant tout dans ces lieux c’est avant tout la chaleur humaine. Une chaleur qui ne court malheureusement pas les rues.

Cela n’a pas été facile pour moi d’entendre, en guise de seule conversation, les mêmes éternelles remarques. « En Suisse, on fait comme ça », « en Suisse, on pense comme ça ». Ni de répondre aux mêmes questions : « C’est comment dans votre pays ? », « votre pays vous manque ? Vous y retournez chaque été ? ». Il m’a fallu cinq ans pour entendre enfin la première réflexion positive sur mon pays. Afin de remédier à mon « ignorance », j’ai tenté de comprendre le fonctionnement de ma terre d’adoption en suivant notamment l’actualité. Et croyez-moi, j’ai été servie. J’ai débarqué à quelques jours de la fête des mères, de la finale de la coupe de Suisse de football et de l’inoubliable championnat du monde de hockey sur glace. Le débat s’annonçait très chaud sur l’AVS, sur le grounding de Swissair ainsi que sur la hausse des primes de l’assurance-maladie. Sept ans après, je réalise que j’ai encore beaucoup à apprendre.

Kahina Messiaux

2 Responses

  1. Avatar
    dark_man
    | Répondre

    Si une vision externe de notre humble pays est un topic intéressant pour un post sur le bondyblog, il me semble que cette vision pourrait être développée un peu plus. Ces quelques lignes sont plaisantes mais je regrette un peu le caractère sommaire du récit et les exemples qui se comptent sur les doigts d’une seule main. Dommage…

    • Avatar
      lie
      | Répondre

      Le récit est peut-être sommaire mais en même temps on imagine bien la situation. Ton post Kahina m’a rappelé tout de suite à un sketch de Fellag sur la Suisse, peut-être tu le connais déjà mais il colle bien avec ton témoignage je trouve ,-D

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