«Depuis sept ans que la Fête du Slip existe, force est de constater que le monde a malgré tout changé. Rien que depuis l’édition 2017 de La Fête du Slip, il y a eu le mouvement #metoo, le débat autour du langage inclusif et “RuPaul’s Drag Race” est devenu un phénomène en Europe, pour ne mentionner que quelques exemples.» D’entrée, sur le site de la Fête du Slip, Viviane et Stéphane Morey, directeurs artistiques, reviennent sur les 7 ans d’existence du festival et l’évolution de la société.
Si #metoo a libéré la voix de bien des femmes à l’échelle mondiale, si dans des conversations avec mes amis le débat sur l’écriture inclusive nous divise, si les termes «non-binaire», «intersectionnel», «hétéronormatif» sont dit, il reste cependant tant à faire. C’est sans doute ce qui me motive à me saisir de mon clavier en ce jeudi soir de l’Ascension pour me plonger dans le programme de la Fête du Slip, festival qui célèbre la diversité des sexualités au travers des arts vivants, des arts visuels, du cinéma et de la musique. Alors, on va y faire quoi ? Propositions non exhaustives.
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Soyez non-binaire
Dès l’identité visuelle un des thèmes de cette édition est posé. La ligne graphique met en scène des dytiques à la fois visuels et textuels visant à créer un nouveau sens autour des images et faire disjoncter nos perceptions. Les affiches tirent à boulets rouges sur la binarité qui structure la société avec la radicalité esthétique caractéristique de la manifestation.
Dans Nu, Emilia Guidicelli et Ioannis Mandafounis (dimanche 13, 14h, Théâtre Sévelin 36) proposent de vivre un moment de danse seul face à l’un d’eux avec ceci de particulier que spectateur-trice et danseur-se sont tous les deux nu-e-s. Le public peut ainsi prendre conscience de sa corporalité. La dichotomie corps-esprit est rendue inopérante.
Une autre exploration du rapport au corps et à l’identité à ne pas manquer c’est Wild Child, de Valérie Reding (samedi 12, 19h, Arsenic, salle 2). Bien qu’elle soit seule sur scène, Valérie Reding incarne une multitude de personnages différents. En se morphant de l’un à l’autre, elle gomme les limites et nous confronte à des questions sur l’identité, la performativité mais aussi la relation.
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Vivez la révolte féminine
Retour sur la figure stéréotypée de la féministe en colère, notamment avec le nouveau film de Bruce LaBruce, The Misandrists, (samedi 12, 21h, Bourg et dimanche 13, 16h, Arsenic, Labo) à la fois grinçant et jouissif. Il fait écho à l’installation Girl Gangs (Galerie Humus) qui propose une sélection de films de différentes époques qui ont tous en commun d’avoir des histoires avec des meutes de nanas en furie. Or, le corps féminin est rarement montré comme violent. Alors, qu’est-ce qui motive les réalistateur-trice-s ? S’agit-il de misandrie, féminisme, voyeurisme fétichisant du corps féminin et de la violence ? Exploration d’un sous-genre particulier.
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Jouez le jeu
Voguing et drag, voici deux expressions de la scène LGBT qui ont contribué à faire connaître la culture queer au grand public. L’atelier de Simon Crettol propose à tout un chacun-e de préparer un défilé voguing durant la journée du samedi 12 à l’Annexe de Sévelin 36. «Strike a pose, vogue vogue vogue» chantait Madonna, dans la chanson qui a fait découvrir au monde ce phénomène. Lancez-vous ! Et si ça vous plaît, défilez lors de la soirée House of Moda, au Bourg le même jour, qui se veut diablement festive, remuante et participative. Une occasion de se revendiquer ou de se réinventer.
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CULtivez votre œil
Incontournable depuis 4 ans, la compétition du Slip d’Or ! Ici, les pornographes titillent les limites du genre, et créent de nouvelles esthétiques et de nouvelles formes narratives érotiques.

Cinq films inédits rivalisent pour le grand prix, qui sera décerné par le jury. Le public quant à lui pourra récompenser le meilleur des films parmi une plus large sélection. On y trouve par exemple The Tinder Challenge de Paulita Pappel où trois candidates dans trois villes s’affrontent pour accumuler en 24h le maximum de partenaires sur Tinder et Furniture Porn Project d’Antoine Héraly, une exploration de la sensualité du mobilier.
Mais, la Fête du Slip, c’est aussi la projection de plusieurs longs métrages comme Aria d’Emilie Jouvet qui explore le sujet de l’homoparentalité. Un documentaire intime qui démontre toute la difficulté de devenir parent LGBT aujourd’hui. A noter également, Boys for sale d’Itako qui nous transporte au Japon, à Shinjuku Ni-Chome, le quartier rouge de Tokyo, où l’on trouve des établissements qui proposent les services de jeunes hommes. La plupart de ceux qui y travaillent sont «gay for pay» – des hétéros qui ont des rapports avec des hommes.
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Mettez-vous les mots à la bouche
Vous le savez la langue française regorge de métaphores qui mettent en parallèle le corps et la nourriture. A présent, imaginez une performance où la nourriture se déguste à même le corps. C’est Les mots à la bouche de Gaya Topow (samedi 12, 15h, Arsenic, Foyer). Bon à savoir, la performance est suivie d’une discussion sur les liens entre féminisme et antispécisme. Gaya Topow organise également un brunch vegan dimanche matin dans le foyer de l’Arsenic. 0% cruauté et 100% d’amour.
La Fête du Slip, c’est l’occasion de se confronter à d’autres images et d’autres postures, d’explorer ses limites et d’ouvrir des discussions. La Fête du Slip, comme la sexualité et l’amour, surtout, ça se vit et se partage.
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