Festival de la Cité : un retour aux sources au goût de rhum-coca

Festival de la Cité : un retour aux sources au goût de rhum-coca

Posté dans : Culture, Lausanno-lausannois 0

Aah l’été ! Après les journées interminables passées à la bibliothèque et dans les cafés à réviser, après avoir inscrit mon nom, prénom et numéro de matricule sur un nombre incalculable de feuilles d’examens, voici enfin venu le temps de glandouiller très sérieusement jusqu’à la mi-septembre… Deux mois et demi entiers durant lesquels toute la population étudiante lausannoise se consacre entièrement à la reconstruction d’une vie sociale digne de ce nom (celle-là même qui fut si durement mise à mal durant le mois de juin). Mais pas seulement, car si l’été et une période propice aux rencontres en tout genre, c’est avant tout une occasion privilégiée de retrouver une hygiène de vie saine et équilibrée après le stress et la malbouffe des périodes d’examen. Oubliez le régime paléo, la green attitude et les protéines végétales… Non, non, non ! Cet été, c’est décidé, on fera des efforts pour renouer avec notre style de vie préféré : « l’apéro-barbecue-festival attitude » !
Et justement ! Ça tombe bien, car à Lausanne « début de l’été » rime aussi avec « Festival de la Cité »… En bonne étudiante que je suis – et lausannoise de surcroît – je ne pouvais décemment pas manquer ça. Tour d’horizon…

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Le Festival de la Cité, cette année, c’est à la Cité !

Ça semblait évident et pourtant…. Après trois années houleuses durant lesquelles le festival s’est vu démantelé et délocalisé dans tous les coins de la ville : on célèbre cette année le retour des festivités au pied de la Cathédrale ! Et tout le monde est bien content… Faut avouer que c’est quand même nettement plus pratique quand les scènes sont situées entre la Riponne et la place du Château, que quand elles sont éparpillées d’Ouchy à la Sallaz en passant par Sauvabelin… Surtout après avoir avalé une assiette entière de nouilles sautées au poulet, lorsque la perspective de bouger tes fesses pour traverser la ville te semble à peu près aussi envisageable que celle de courir un semi-marathon.
Surtout que dans mon cas, j’y vais moins pour suivre en détail l’intégralité de la programmation, que pour aller boire quelques bières et profiter de la soirée. Ce qui revient, grosso modo, à errer d’une scène à l’autre en fonction des stands de nourriture qui se trouvent à proximité…
Et en fonction du monde aussi ! Ben oui, parce que je ne sais pas si vous avez déjà essayé d’accéder à la scène du Great Escape un soir de festival, mais c’est peine perdue. Déjà en temps normal, ce n’est pas forcément évident-évident mais là, autant laisser tomber. La queue commence dans les escaliers, pour se terminer à l’entrée de la terrasse. Lorsque enfin, tu arrives devant l’entrée aménagée pour l’occasion, le securitas du Great t’attends – le même qui se trouve d’habitude devant l’entrée du bar. Sauf que cette fois, il ne vérifie pas que tu as plus de 21 ans, mais bel et bien que tu ne représentes pas un danger pour la foule compacte qui saute sur la terrasse (celle qui ne va pas tarder à te piétiner d’ailleurs – parce que tu fais 1m60…)
Il ouvre mon sac, et en sort une bouteille d’eau. Ben oui, j’ai pas fait gaffe, a priori j’avais pas prévu de prendre l’avion… Je passe 10 minutes à essayer de le convaincre que c’est pas de la vodka, pour finalement descendre cul sec les 3dl restants devant lui. J’ai un peu mal au ventre maintenant. Je crois que c’est à ce moment-là qu’on a laissé tomber le Great et qu’on a décidé d’aller boire une bière.

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Le Festival de la Cité, c’est pour les connaisseurs

Au Festival de la Cité, il y a typiquement deux catégories de personnes : ceux qui ont le programme, et ceux ben… qui ne l’ont pas.
Ceux qui ont le programme, ça fait déjà une semaine qu’ils sont au taquet, qu’ils font des annonces sur Facebook pour promouvoir les évènements auxquels ils ont l’intention de participer. D’ailleurs, ils vont pas seulement à des concerts eux, non ! Ils vont voir des performances, des installations sonores, des expositions vivantes, des expériences participatives… autant de noms bizarres qui t’évoquent plus le vocabulaire d’un étudiant en microtechnique, qu’un festival de musique local.
Mais il y a les autres aussi. Ceux qui comme moi, n’ont absolument aucune idée de ce qui joue ce soir, ni où, ni quand, ni comment. Généralement, la nature est bien faite et dans un groupe d’amis, il y a toujours au moins une personne qui appartient à la première catégorie, et qui se charge de faire le GO le temps de la soirée. Elle connaît le programme, elle a déjà planifié la soirée, et toi tu suis, contente qu’on te prenne en charge… Si tout s’était passé comme prévu en ce moment même tu serais en train de l’écouter déblatérer sur l’allégorie magnifique à la légèreté de l’être que tu viens de voir : un spectacle d’acrobatie sur perche, entièrement muet et au ralenti que tu n’aurais pas spontanément pensé à associer au titre d’un roman de Kundera.
Mais cette année c’est un peu différent. On se regarde les uns les autres hébétés, comment ça personne n’a le programme ? Mais elle est où Sophie ? C’est elle qui s’en occupe d’habitude !… Ah oui, c’est vrai, elle est en Erasmus à Barcelone. Alors, on organise une réunion au sommet. S’ensuit un bref moment de réflexion sur la démarche qu’il convient d’adopter en de pareilles circonstances. Dans la foulée quelqu’un a sorti son iPhone et navigue entre le nom des scènes, les jours, les heures… Nos quatre têtes se penchent autour de l’écran minuscule.
Et soudain on réalise que pour les gens qui appartiennent à la seconde catégorie, et qui se retrouvent malencontreusement livrés à eux-mêmes : le Festival de la Cité, c’est essentiellement chercher le nom des rues, le nom des scènes, tout en essayant de se repérer comme on peut sur la carte schématisée à l’extrême qu’ils ont eu la bonté de mettre sur le site. Car on a beau tous habiter à Lausanne, franchement, qui sait où se trouve la rue Charles Vuillermet ?

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Le Festival de la Cité, c’est familial 

De retour du bar, après avoir été désignée volontaire pour ramener l’équivalent de 2 bières, 1 mojito et 1 rhum-coca (certains n’ont décidément pas évolués depuis leurs 18 ans… voir plus bas). À ce moment-là, j’adopte la démarche dite : du crabe… C’est-à-dire, les verres à bout de bras et au-dessus de la tête – bien haut pour prendre le moins de place possible – et l’épaule en avant (moins pour me frayer un passage que pour indiquer aux autres la direction vers laquelle je me dirige). À quelques mètres de là, il y a un gamin de 6-7 ans, lancé à toute allure depuis la Place du Château qui atteint sa vitesse de pointe. Et sans raison aucune, il me percute à hauteur de la taille et je me prends le plaquage du siècle. La douche !
Lorsque je rejoins enfin la table, il ne reste plus qu’une bière et demi, je suis trempée de la tête aux pieds, la mère du petit monstre me lance des regards assassins depuis la table voisine et le môme, qui lui n’en a rien à cirer, est déjà reparti en quête de sa prochaine victime. Devant mon pull trempé et mes cheveux collants, les autres capitulent et on envoie quelqu’un d’autre en mission bière.
«  Heeeeyy ! Attends ! Les verres !… » Trop tard. Car le Festival de la Cité, c’est aussi ça : payer la consigne à chaque fois que tu prends une nouvelle bière, et te retrouver à la fin de la soirée avec 12 gobelets empilés les uns sur les autres, parce que, comme chaque année t’oublies systématiquement d’aller les ramener.

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Le Festival de la Cité, c’est gratuit

Ou disons, autant qu’un festival en Suisse puisse l’être. Alors ne nous méprenons pas, on paiera tout de même sa bière à 6 .– et sa crêpe à 10.–, mais c’est un des seuls festivals de la région qui puisse encore se vanter d’offrir une programmation de qualité et diversifiée à moindre frais (ndlr : selon une copine qui s’y connaît, je n’irai pas jusqu’à me prétendre experte de la scène lausannoise). Mais faut bien avouer que du choix, il y’en a : rien qu’au programme de mercredi soir, on retrouvait du folk, du rock, du cirque, de la danse, du théâtre et tout ça entièrement aux frais de la princesse (comprenez l’Etat de Vaud). Alors certes, ce n’est pas comparable aux Red Hot Chili Peppers… mais après deux bières qui m’auront coûté beaucoup moins cher qu’un billet à Paléo, le chanteur des Yellow Teeth ressemble décidément de plus en plus à Ed Sheeran…

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Le Festival de la Cité, c’est recroiser un tas de gens qu’on a pas revus depuis le gymnase et qu’on ne reverra sans doute pas avant l’année prochaine

S’ensuit inévitablement la longue et pénible discussion des « alors, qu’est-ce que tu fais maintenant ? ». On s’en fout, mais alors qu’est-ce qu’en s’en fout que Max en soit à son troisième voyage humanitaire au Pérou, ou qu’Audrey ait finalement abandonné ses idéaux communistes et un brin réacs, pour faire un Bachelor en Économie de la gestion… Mais on joue le jeu, et on s’applique à expliquer à notre tour en détail l’intégralité de notre parcours universitaire depuis qu’on a quitté la classe 3M04. Une fois le chapitre clos, les plus téméraires (et les plus célibataires) demanderont des nouvelles des autres (Et Léa ? T’as des nouvelles de Léa ?). Finalement, la discussion s’achève sur la promesse de s’organiser un barbecue prochainement avec toute notre ancienne classe au complet. On acquiesce vaguement, parce que dans le fond, la seule réunion de la 3M04 qu’on risque de revivre sera celle-ci : une fois par année au Festival de la Cité.

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Le Festival de la Cité, c’est retourner boire un dernier verre au Lapin Vert, alors que ça doit bien faire quatre ans que tu n’y as pas remis les pieds

Et là tu retrouves le même barman, la même musique, les mêmes têtes, la même ambiance qu’il y a quatre ans. Du coup, tu commandes un rhum coca, en hommage à tes premières sorties, et tu ressors du bar une demi-heure plus tard avec un sentiment étrange de satisfaction. Faut dire qu’après la fermeture du Barbare et les horaires réduits du XIIIe siècle, c’est rassurant de savoir qu’au moins une chose n’a pas changé !

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Enfin, le Festival de la Cité, c’est finir la soirée dans l’herbe (au propre comme au figuré) sur la pelouse humide face à l’Evêché…

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