Et… un tonnerre d’applaudissements pour les clowns de Théodora

Et… un tonnerre d’applaudissements pour les clowns de Théodora

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Vous connaissez tous les clowns de la Fondation Théodora, créée il y a plus de 20 ans dans le seul but de faire rire les enfants malades. Nous avons parlé à Méli-Mélo, artiste qui travaille auprès de cette Fondation depuis 1995. Un entretien plein d’espoir et d’humanité.

Je vais vous raconter une jolie histoire. Il n’y aura ni princesse, ni château, mais il y aura de la joie, des larmes, des enfants, beaucoup d’enfants, des clowns fantastiques qui dans cette histoire s’appellent les Docteurs Rêves. Il y aura aussi deux frères et leur maman Théodora. Et de la générosité en grande quantité.

Tout a commencé en 1993. Les frères André et Jan Poulie ont créé la Fondation Théodora, en mémoire de leur maman, trop tôt décédée. Ils ont remué ciel et terre pour que les enfants hospitalisés ou en institutions spécialisées puissent s’évader quelque peu du cadre hospitalier. Ils ont eu l’idée géniale de faire entrer les clowns à l’hôpital. Et au début, seul le CHUV accueillait les 2 uniques clowns de la Fondation…

Depuis, Théodora a grandi. En 2014, 57 docteurs Rêves ont effectué 95’000 visites dans 34 hôpitaux et 20 institutions spécialisées en Suisse. Le modèle Théodora s’est exporté dans 7 pays (Angleterre, Biélorussie, Chine, Espagne, France, Italie et Turquie).

Théodora est une fondation reconnue d’utilité publique depuis 1994. Son financement est assuré par des donateurs privés, des sponsors et des partenaires. Elle ne perçoit aucune subvention des hôpitaux ou de l’Etat.

Aujourd’hui, grâce à Théodora, dans un hôpital, il est aussi normal de croiser un Docteur Rêve qu’un médecin.

Mais, assez de chiffres et de froides informations ! Il est bien plus intéressant que Méli-Mélo, Doctoresse Rêves depuis 1995, vous raconte, de sa voix douce et aimable, l’histoire de Théodora.

LBB : Méli-Mélo, dans quelles circonstances avez-vous rejoint la Fondation Théodora ?
En 1995, j’étais danseuse contemporaine, je faisais également des animations théâtrales auxquelles participaient des enfants. J’avais travaillé en Suisse et à Paris. Je suis tombée par hasard sur un petit article consacré à la Fondation. J’ai immédiatement pensé que Théodora constituait la synthèse de mon expérience artistique. Très vite, j’ai rencontré André Poulie, notre Président et co-fondateur, et Dr Bobo (ndlr : l’un des premiers clowns) m’a formée.
À cette période, la Fondation n’avait que 2 ans d’existence. Tout était à faire et à inventer. C’était formidable.

LBB : Quelle est la formation que doivent suivre les Docteurs Rêves ?
Ils doivent suivre une formation initiale dans plusieurs domaines : artistique, médical (pour connaître les maladies et le milieu hospitalier) et psychologique (pour savoir comment faire face à la maladie des enfants et pour gérer les situations). Ils sont formés à la Source (ndlr : clinique qui est dotée d’une école d’infirmiers reconnue). Par la suite, les élèves deviennent des « juniors » et sont encadrés par des artistes expérimentés. Nous devons tous suivre une formation continue de deux jours par an au minimum. Nous participons également, chaque année, à divers séminaires et des supervisions. Actuellement, nous sommes 57 docteurs Rêves et une nouvelle volée est en formation. Nous ne sommes pas des bénévoles, car nous travaillons régulièrement, avec des visites planifiées de semaine en semaine, des réunions, des cours auxquels nous sommes tenus de participer.

LBB : la Fondation Théodora a eu l’amabilité de me remettre un dossier de presse pour préparer notre entrevue. Malheureusement, je n’ai pas réussi à le lire entièrement, car je pleurais à chaque page. Je n’ose imaginer la tristesse qui doit parfois être la vôtre en voyant des enfants malades…
Pour nous, il s’agit d’un rendez-vous auquel nous devons répondre au mieux. L’important est que l’enfant soit content. Nous pensons que notre présence va changer l’atmosphère et que le petit patient s’amusera. C’est une rencontre. Personnellement, pendant la visite, je me concentre sur ce qui va bien. Bien sûr, cela nous touche. Après, nous y repensons et c’est à ce moment que, parfois, nous sommes plus sensibles.

LBB : Comment réagit l’enfant face à la maladie ?
D’après mon expérience, je peux affirmer que les enfants sont courageux. Ils se font du souci pour leurs parents et essaient de faire bonne figure pour ne pas les inquiéter. Les enfants, contrairement aux adultes, vivent le moment présent. Ils prennent ce qu’il y a de bon à prendre. J’ai vécu des situations où l’enfant savait qu’il allait partir. Nous avons parlé des étoiles, du ciel… pour se familiariser avec cette grande inconnue. Ils veulent ne pas être oubliés et dans ce but, ils font des dessins, donnent de petits souvenirs qui leur survivront, comme pour laisser leur trace. Heureusement, la médecine a fait des progrès et aujourd’hui, les enfants guérissent souvent de maladies qui autrefois étaient incurables.

LBB : Que vous ont appris les enfants ?
À vivre avec intensité, à aller à l’essentiel. J’apprécie les petites choses. J’ai aussi appris qu’il faut oser. Les enfants osent, car ils sont authentiques. J’aime à penser que les humains sont comme des fleurs : certaines, comme les coquelicots, sont éphémères et meurent rapidement, tandis que d’autres vivent plus longtemps.

On s'amuse beaucoup avec la Doctoresse Rève "Méli Mélo"
On s’amuse beaucoup avec la Doctoresse Rève “Méli Mélo”

LBB : Qu’apportez-vous aux enfants ?
De la joie, de la magie, un moment qu’ils n’oublieront pas. Par exemple, parfois, nous dansons dans les couloirs. Dans un hôpital, un enfant obéit aux instructions, il perd un peu sa spontanéité. Après notre passage, il ose s’affirmer davantage et se réapproprie un peu l’espace.

LBB : Racontez-moi une belle histoire
C’est une belle histoire, bien qu’elle finisse mal. Une petite patiente était gravement malade. Elle a demandé à ses parents de « faire venir les clowns ». Ils nous ont contactés en nous disant que la petite voulait aller à Paris. Nous avons décoré sa chambre avec une Tour Eiffel que nous avons créée, il y avait des paillettes partout dans sa chambre. Ses yeux brillaient de joie. Je ne l’oublierai pas. Par l’imagination, nous avons voyagé à Paris. Nous avons beaucoup ri. Elle est décédée le lendemain. J’ai retrouvé des paillettes dans ma blouse de clown en la lavant quelques jours plus tard. Elles se sont envolées un peu partout dans la buanderie. C’était comme une trace qu’avait laissée cette fillette.

LBB : De quels univers artistiques proviennent les Docteurs Rêves ?
Acteurs, comédiens, chanteurs, mimes. Nous avons un « scénario » de base, mais comme le but est d’interagir avec les enfants, nous construisons nos visites au fur et à mesure et sommes beaucoup dans l’improvisation.

LBB : Avez-vous différents programmes d’animation ?
En milieu hospitalier, nous avons les visites individuelles des Docteurs Rêves pour les petits patients. Dans les institutions spécialisées, qui accueillent des enfants polyhandicapés, M. et Mme Rêve se joignent à eux pour participer à des activités, deux fois par mois. Deux ou trois fois par an, notre « Petit orchestre des sens », formé par trois artistes, propose un spectacle dans les institutions spécialisées. Enfin, nous finalisons actuellement un nouveau programme visant à accompagner les enfants en surpoids qui suivent un traitement spécial (ils ne sont pas hospitalisés). Nous les motivons en participant avec eux à des activités (balades, sport, cours, etc.). Nous avons inventé un spectacle qu’ils apprécient beaucoup, qui a pour objectif de leur faire intégrer les messages qu’ils ont appris au cours du programme théorique et sportif destiné aux enfants en surpoids.

LBB : Que diriez-vous aux lecteurs du LBB pour les encourager à soutenir Théodora ?
Que notre Fondation a pour but d’humaniser des lieux qui souvent font peur. Que la joie des enfants vaut tout l’or du monde et que nous participons à rendre l’ambiance plus détendue, également pour le personnel soignant.

Et c’est la fin de cette histoire ! Mais, pour aujourd’hui seulement. La Fondation Théodora va sans nul doute écrire de nouvelles pages de son épopée, grâce à l’engagement et à la générosité des Docteurs Rêves et de nous tous, aussi.

Vous pouvez visionner des vidéos sur sur la chaîne Youtube de la Fondation Théodora (dont celui qui a été réalisé avec Bertrand Piccard)

Le site Internet de cette Fondation www.theodora.ch

Dites “J’aime” à la page Facebook de la Fondation Théodora

Crédit photographique : Fondation Théodora 2015

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