Et si on se passait de supermarchés?

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Alors que la grève du lait et ses diverses actions de protestations se poursuivent en Suisse et en Europe, il est peut-être temps pour les paysans de s'intéresser à des moyens de vente alternatifs.

Lausanne avait l’air champêtre ce dimanche. Réunis par le syndicat Uniterre, 150 tracteurs défilaient de Beaulieu et son comptoir Suisse jusqu’à la gare. Un slogan? 1frs/litre au producteur – Venez à la ferme! Et mercredi après midi sur la place de Palud, c’est la ferme qui venait à Lausanne avec une vente de 400 litres de lait par les agriculteurs. Ces derniers se disent lésés par un prix rémunérateur trop faible et demandent qu’il soit fixé au minimum à 1frs. Ces actions relancent le débat sur les marges que s’octroient les grandes surfaces sur les produits provenant de l’agriculture.

Selon le secrétaire au syndicat Uniterre Nicolas Bezençon, « il est possible que la marge touchée par la grande distribution ne soit pas si grande que cela. Mais, ajoute-t-il, le lait est devenu un produit d’appel pour vendre d’autres produits, il est excessivement bon marché en Suisse contrairement à d’autres pays ». Une solution ne serait-elle pas d’acheter directement nos produits aux producteurs afin d’aider l’agriculture de notre pays à sortir un peu la tête de l’eau?

Voyons du côté de l’association Les Jardins du Flon de Lausanne, déjà active dans la vente de produit de la ferme (fruits et légumes de saison). « On a été les premiers (depuis le 1er septembre) à mettre en place un système de vente contractuelle de lait » me déclare la secrétaire Fabienne Tchanz. Il suffit, comme pour les autres produits vendus, de définir une quantité, de payer en avance et d’aller chercher son panier lors des 33 livraisons annuelles. Le prix au litre est de 2,20 frs pour du lait cru ou pasteurisé. L’agriculture contractuelle a toujours le vent en poupe et l’association Les Jardins du Flon se porte au mieux. Début septembre, le projet Les Jardins d’Ouchy a été lancé avec un nouveau centre de livraison pour les habitants des quartiers sous-gare.

La coopérative Le Jardin Potager d’Arnex-sur-Orbe vend aussi des paniers de fruits et légumes, mais le système est différent avec des paniers dont le contenu est le même pour tout le monde ainsi que des points de récolte démultipliés. « Nous ne voulons pas vendre des produits laitiers pour plusieurs raisons » m’annonce Léonore Meer. « Premièrement, beaucoup de nos clients sont végétaliens. Ensuite, nous ne voulons pas de produits trop périssables du fait de notre système de livraison. Finalement, nous sommes très attentifs à la qualité, or le lait suisse est généralement bourré de pesticides ». Mais la présidente de la coopérative pense que la vente directe est une solution pour les agriculteurs: « il y a eu l’âge d’or du lait et les paysans se sont un peu déresponsabilisés de la vente, il est temps qu’ils s’organisent, créent des coopératives et écoulent eux-mêmes leurs produits! ». Le problème, selon elle, est que « les agriculteurs ne se parlent pas » et que les syndicats comme Uniterre « font de bonnes actions mais devraient plus essayer de trouver des solutions, de créer de nouveaux moyens de distributions ». Nicolas Bezençon défend son terrain: « si les paysans ne sont pas capable actuellement de faire autre chose que de produire un maximum sans se diversifier c’est qu’il y a une volonté politique qui à forgé cette idéologie dominante ». « Mais le syndicat promeut l’agriculture contractuelle de proximité, notamment à travers une plateforme romande et nous planchons sur de nouveaux systèmes de vente » ajoute le secrétaire Uniterre. Un projet est en route avec Genève pour « créer une petite chaîne de transformation ». Il cite aussi diverses expériences européennes, comme celle de la Hollande où les bonnes vieilles livraisons à domicile de bouteille de lait en verre ont été remises au goût du jour,  ainsi que le label autrichien de lait équitable (A Faire Milch) qui permet au producteurs de gagner 10 ct de plus pour chaque litre de lait vendu.

On le voit, des solutions existent déjà et les idées ne manquent pas. L’agriculture contractuelle semble être une piste intéressante, mais il faudrait qu’elle se développe et se démocratise (à quand Les Jardins de la Bourdo?) afin de toucher un plus grand nombre.

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Loïc

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