Du sang et du sexe au LUFF

Du sang et du sexe au LUFF

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Le LUFF fête ses 10 ans. Encore une bonne raison pour faire n’importe quoi, mais pas n’importe comment ! Focus sur les cycles cinéma Maria Beatty et Gore Factor au Zinéma.

Après le concert exceptionnel de la chanteuse-poète Diamanda Galàs samedi 15 et le vernissage de l’exposition The Switch Hunter d’Ericka Beckman lundi 17, le LUFF 2011prend son véritable envol le mardi 18, avec le début de deux cycles cinéma et la projection d’All about Evil en ouverture, précédée d’un Drag Show d’anthologie. Mais bien-sûr, comme dans tout festival qui se respecte, des choix doivent être faits. Car entre concerts, films, happenings, expositions et autres joyeuseries décomplexées, ce dixième LUFF se vêt d’un programme bien chargé, qui comme à son habitude fait dans le « n’importe quoi, pour n’importe qui » ! Et c’est tant mieux, car c’est pour ça qu’on l’aime. Préférant donc la douceur charnue des postérieurs féminins et l’écoulement ininterrompu de liquide rouge et visqueux, votre humble bloggeur s’est plutôt dirigé vers le Zinéma, tout en sachant qu’il raterait une des plus grandes curiosités de cette édition : des Drag-Queens venues spécialement de Londres et San-Francisco pour faire mouiller et frissonner nos petits lausannois en manque de sensations fortes. Qu’à cela ne tienne, les cycles qui débutent au Zinéma sont plus qu’envoùtants et vont, comme vous allez le lire, remplir amplement leurs promesses.

Mini-complexe de deux salles, de 18 et 22 places, le Zinéma est un lieu privilégié du cinéma d’auteur, documentaire et expérimental. Pour le LUFF 2011, il accueille deux cycles, aussi étonnants que stimulants : Maria Beatty : Erotic Noir Cinema et Gore Factor. Chacun composé de quatre films différents, ils se partagent les deux salles quotidiennement de 16h00 à 00h00 et ce jusqu’au dimanche 23 Octobre, l’occasion de découvrir deux facettes extrêmes du cinéma et ce jusqu’à plus soif. Entre ambiance bobo et terrasse de café, le Zinéma s’emplit doucement d’une foule hétéroclite venue soit par passion, soit par curiosité. Situé un peu entre les deux, je pénètre avec précaution dans cet antre du cinéma, avec autant d’excitation qu’une jeune pucelle sur sa première couche. Et c’est parti pour plusieurs heures de plans mi-hésitants, mi-assumés aux contenus certes discutables mais toujours jouissifs.

Sélection de péloches gores et bis à souhait, Gore Factor ouvre la danse. On commence avec Chop (hacher en français), un revenge-flick décalé et réalisé par Trent Haaga, le scénariste du remarqué Dead Girl et acteur à ses heures perdues. On y suit le jeune Lance, qui après des années de drogues, vit une vie paisible avec sa femme adorée, dans un gentil pavillon de banlieue. Enfin… jusqu’à ce qu’un homme réclamant vengeance ne fasse de sa vie un enfer, entre paranoïa et violence. Seul hic : Lance ne se rappelle pas ce qu’il a pu faire pour mériter une telle vengeance. Tant pis pour lui, il souffrira jusqu’à ce qu’il se souvienne. Première parodie de la vague torture-porn de ses dernières années (la franchise Saw en tête), Chop fait plus rire que frémir. Mais cela n’enlève rien à son côté gore, discret mais marquant. Haaga signe ici un premier film à l’humour noir délicieux et aux plaisirs coupables assumés. Puis, changement d’horizon avec Horny House of Terror de Jun Tsugita, un film au concept imbattable. Le salon de massage Shogun n’est pas un salon comme les autres. Car ici, le plaisir rime avec plus que circoncire ! Les trois actrices, pas frileuses pour un sou, se font ainsi un devoir de démembrer sauvagement chaque client au moment le plus propice. Du moins, jusqu’à ce que l’une d’entre elles n’en puisse plus du goût du sang et essaie de s’échapper avec l’aide d’un client pudique. On l’aura compris, Horny House of Horror est une comédie gore qui ne recule devant rien. Avec Yoshihiro Nishimura aux effets gore (Tokyo Gore Police, Mutant Girls Squad), le quota de litres de sang arrosé est vite atteint et les situations grand-guignolesques s’enchaînent sans laisser le temps à nos zygomatiques de se reposer. Un plaisir sans limites ! Enfin, Calibre 9 et The taint ferment cette sélection. A défaut de les avoir vus, on se doute bien que ces deux-là ne laisseront pas leurs spectateurs en reste et donneront une note un peu plus sérieuse à ce cycle Gore Factor.

Hop, on change de salle et surtout d’univers avec Maria Beatty : Erotic Noir Cinema, une rétrospective interdite aux moins de 18 ans, et c’est rien de le dire ! Bondage, domination, fisting, urophilie… j’en passe et des meilleures. Chaque séance se présente sous forme de double-programme thématique aux titres improbables et pourtant évocateurs : Post Apocalypse & Demons, Bondage in Nature & Seasons ou encore Sapphism & Erotic Noir. Mais loin de faire dans l’érotique/pornographie facile, Maria Beatty filme avec amour et passion, et prend à contre-pied les préjugés qui, souvent, accompagnent l’évocation de ses pratiques. Ici, aucune vulgarité, ni aucun trash, juste les extrêmes sexuels montrés dans leur plus simple appareil. Curiosité parmi les curiosités, Silken Sleeves nous présente en 50 minutes quatre cycles de bondage sans aucun scénario, si ce n’est celui du changement des saisons. A chaque période ses outils et ses plaisirs : corde, cire chaude, cellophane, fouet, lame et godemiché. Il y a aussi Belle de Nature, une des dernières productions de Beatty, qui explore la communion entre le corps et la nature, le tout doté d’une sublime photographie et d’une poésie fascinante. De plus, Maria Beatty est présente à chaque projection pour introduire ses films. Une raison de plus pour se faire plaisir !

Pour ces 10 ans, le LUFF démarre donc en fanfare et compte bien finir la semaine de la même manière avec des choses aux noms sympathiques : Peaches Christ, Kozoku-Ku ou The physics of displacement, et des choses pas vraiment compréhensibles : PIVIXKI, Ghédelia Tazartès plays « Haxan » et Rudolf Eb. Er Exhibits. Et c’est tant mieux !

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