Droit à la drogue et droit de l’Homme!

Posté dans : Politique 2
Les Suisses ne sont de loin pas les seuls à aborder le sujet de la dépénalisation du cannabis. Evidemment, dans tous les pays les avis divergent. En France, un ancien professeur de droit pénal, Francis Caballero, s’intéresse depuis longtemps à la dépénalisation des drogues et propose un système alternatif à la prohibition. Selon lui, c’est une question de liberté individuelle. Penchons-nous sur ses arguments.

Dimanche nous voterons en faveur ou contre l’”initiative pour une politique raisonnable en matière de chanvre protégeant efficacement la jeunesse”. Le sujet ne date pas d’hier. En 2004 le Conseil national refusait pour la seconde fois d’entrer en matière concernant la révision de la loi sur les stupéfiants, d’où l’initiative. Sujet non résolu, mais pas nouveau, et pas seulement helvétique. Depuis plusieurs années déjà, l’avocat français et ancien prof de droit pénal à Paris Francis Caballero se bat contre une politique trop répressive en matière de drogues, et pour une politique alternative. Il est l’auteur de plusieurs livres comme “Droit de la drogue” ou “Drogues et droit de l’Homme”, et c’est aussi le Président du Mouvement de légalisation contrôlée (MLC). La position du MLC, qui est à l’origine de la notion de “droit à la drogue”, concerne un débat plus large que l’initiative mentionnée plus haut puisqu’il parle non seulement de dépénaliser le cannabis mais tous les opiacés. Projet ambitieux ! Mais cela peut tout de même être un éclairage intéressant pour ce qui nous concerne.

Pour Caballero, la pénalisation de l’usage et du trafic des drogues en général est une façon d’exclure la jeunesse, pas de la protéger. Il rejoint donc tout à fait l’intitulé de l’initiative. Selon lui, faire quelque chose considéré comme illégal limite les possibilités d’en parler en société, et il est d’autant plus difficile de protéger ceux qui se cachent et dont on ne connaît pas le problème. Son idée n’est pas de lutter contre l’usage de drogue mais plutôt contre son abus. Il s’agirait donc de dépénaliser tout ce qui ne nuit pas à autrui, et à l’inverse de pénaliser tout ce qui constitue un danger. Par exemple le cannabis au volant ne doit pas être toléré, tout comme l’alcool. Par contre, son usage privé par un individu majeur, seul ou en compagnie de personnes consentantes ne devrait pas poser de problème.

On l’aura compris, la prohibition n’est pas la solution. Elle augmente la criminalité, la délinquance, et constitue un obstacle à l’efficacité d’une politique d’information, de prévention et de soins préconisée par le MLC. A la fameuse question de savoir si les mesures concernant les drogues relèvent plutôt d’une politique pénale ou d’une politique sanitaire, l’association se positionne clairement dans le second cas. Car légaliser des substances implique de mettre en place des suivis médicaux, l’accès à des cures de désintoxication et autres mesures sociales. Tout est bien pensé puisque les frais que cela représente pourraient être en partie couverts par une taxation sur la drogue dont le marché appartiendrait à l’Etat. Oui, au-delà de son contrôle du marché permettant de réduire le trafic illicite, l’Etat est un acteur important dans la conception de ce système. Un Etat qui se prétend démocratique ne peut se permettre de réprimer que ce qui est nuisible à soi-même. Caballero invoque pour cela l’article 4 de la Déclaration des Droits de l’Homme qui proclame: “la liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui”. La dépénalisation est donc affaire de liberté individuelle et de protection de la collectivité.

A la lumière de cette proposition pour une politique raisonnable pas qu’en matière de chanvre, l’initiative peut être perçue différemment. Et vous, qu’en pensez-vous ?


www.lorgane.com/index.php?action=article&numero=14

Cristina Sanchez 

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Cristina

2 Responses

  1. Avatar
    romuald
    | Répondre

    Ces fameux Droits de l’Homme sont mis à toutes les sauces; et encore, la Suisse n’est pas la patrie des Droits de l’Homme. En France c’est pire, puisque tout est prétexte pour exiger des droits, souts prétextes que nous serions justement la patrie des DH.. Bref.

    Coller “droits de l’Homme” et “droit de se droguer” est tout de même plutôt surprenant.

    la liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui

    Rouler sans ceinture ne nuit à personne, du moins si le conducteur est seul au volant. Peut-on pour autant considérer que la ceinture de sécurité est une entrave à ces fameux droits de l’Homme?

    le cannabis au volant ne doit pas être toléré, tout comme l’alcool. Par contre, son usage privé par un individu majeur, seul ou en compagnie de personnes consentantes ne devrait pas poser de problème.

    Je ne crois pas un seul instant au fait que les consommateurs de drogue soient capables de s’auto-discipliner.
    En France, alcool et tabac tue chaque année 100.000 personnes (morts dites “évitables”); tandis que l’alcool au volant tue, toujours annuellement, 3.000 personnes. La gueule de l’auto-discpline.
    J’ignore combien de personnes décèdent suite à des accidents de voitures dans lesquels la consommation de cannabis est impliqué. Je suppose assez peu; cela dit, les campagnes de détection de stup suite à des accidents de la route sont assez récentes. Ce sont toujours des morts de trop.

    Enfin bon, laissons ces braves consommateurs de drogues ingurgiter, en “toute liberté” leurs doses et s’en mettre plein la tête.
    Mais qu’ils ne viennent pas ensuite mendier à la société des soins. Celui qui se drogue, assume.

    • Avatar
      anne
      | Répondre

      La légalisation de ce qu ‘on appelle drogue douce ( mais qu ‘ en reste une)  c ‘ est forcément

      l ‘engrenage de trop qu ‘ entrainera par un principe logique la banalisation ( déja trop importante)

      de certaines drogues dures deja bien en place en Europe……..

      Ce serait une catastrophe………..alors les babas , les bob Marley en plastique de Banlieue et de

      Navarre, faudrait un peu penser à faire marcher votre matière grise avant de venir proner la

      légalisation sans d ‘autres arguments que ” George Bush ” par exemple…….

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