Des lieux alternatifs aux places publiques : l’accueil des toxicomanes lausannois

Des lieux alternatifs aux places publiques : l’accueil des toxicomanes lausannois

Educateur social de formation, M. Pythoud travaille depuis les années 80 dans les milieux de l’accueil bas seuil. Depuis 2004, il est directeur de la Fondation ABS qui gère les centres d’accueil du Passage et de la Terrasse et m’a reçue, il y a quelques temps, pour me parler de ce lieu d’accueil.

Pythoud

En ce début d’après-midi ensoleillé, je me dirige rue de l’Industrie où, nichés sur une petite colline, se trouvent le Passage et la Terrasse. Habitante du quartier du Vallon depuis quelques années, j’ai toujours été interpellée par le nombre de structures d’Accueil Bas Seuil (ABS) que regroupe ce petit coin de Lausanne. En effet, sur quelques mètres, vous trouvez la Marmotte (accueil d’urgence de nuit), un foyer de l’armée du Salut, le Passage et la Terrasse qui accueillent des personnes poly-toxicomanes et alcoolo-dépendantes.
Toujours touchée par les personnes en situation que je pense difficile ou précaire, je me sens parfois empruntée face à ces situations car je connais finalement assez peu ces thématiques. Etant formée en travail social, entre autres, il est certain que ces problématiques m’intéressent mais en pensant à tout le microcosme qui vit au Vallon, il me semble que tout un chacun peut s’interroger sur ces institutions et associations qui nous entourent. Ainsi, après une réunion de l’association du Vallon dans les locaux du Passage, me voilà abordant M. Pythoud, directeur du Passage pour lui demander de m’en dire plus sur leur travail. Il accepte tout de suite et je le remercie pour le rendez-vous qu’il m’a accordé.


LocauxJ’arrive donc en ce début d’après-midi au Passage. Les usagers sont présents et je me rends compte que le centre est apparemment très fréquenté. Les travailleurs sociaux sont à peine « reconnaissables », ils n’ont pas de signe distinctif comme un badge ou une blouse, même l’infirmier que j’ai aperçu ; ce à quoi j’adhère pour ce type de structure qui accueille des personnes parfois en rupture qui peuvent être frileux ou hostiles à voir des personnes qui s’identifient ostentatoirement comme différentes d’eux.

M. Pythoud me reçoit dans le bureau et je commence par lui demander un petit aperçu de l’histoire de l’institution.

 

 

Un « Passage » historique

A la fin des années 90, M.Pythoud m’explique qu’une étude constate qu’il n’y a pas de lieu spécialisé en réduction des risquesLa Terrasse extérieur à Lausanne. Ainsi, l’association ABS (Accueil Bas Seuil) a pu voir le jour. En 1999, ABS a pu trouver un local chez un particulier dans le quartier du Vallon ; ce qui est assez rare pour être mentionné, comme me le souligne M. Pythoud. Après une restructuration, il a été décidé, notamment sur les recommandations de la Ville de Lausanne, de réserver l’accueil à la fondation ABS aux personnes toxicomanes. Ainsi est né le « Passage ».
Puis en 2006, nouvelle remise en question. L’Accueil Bas Seuil ne semble ne pas être assez “bas seuil” comme le relève M. Pythoud car il ne permet pas aux personnes « qui ne vivent pas sans leur bière » de venir au Passage. C’est à cette période qu’est né le projet de “la Terrasse”, sorte d’annexe qui tolère la consommation d’alcool. Alors que M. Pythoud me précise qu’ils avaient souhaité avoir un lieu qui permette aussi un lieu de consommation du cannabis, ce qui n’a pas été permis. En 2007, le peuple lausannois refuse le bistrot social et le local d’injection, ce qui est regretté par les professionnels d’ABS. Mais, la même année, la Terrasse ouvre et accueille des personnes. Parallèlement au Passage, la fondation ABS propose en 2006 le Distribus qui permet l’échange de matériel utilisé pour consommer la drogue mais pas la consommation elle-même. Actuellement, le Distribus est stationné au début de la rue du Tunnel tous les soirs, sauf le dimanche. Deux travailleurs sociaux ou infirmiers d’ABS sont présents pour partager et accompagner les usagers.

Prestations de la fondation
Matériel 1Au Passage, on trouve un volet sanitaire, un volet hygiène personnelle et un volet social. L’équipe d’ABS compte 22 personnes et est formée de 40% d’infirmiers et de 60% de travailleurs sociaux. L’équipe est composée de professionnels qui parlent plusieurs langues.

Les infirmiers s’occupent du volet sanitaire. Ils font un certain nombre de soins de premier recours. Ils font de la promotion de la santé et de la réduction des risques. M. Pythoud m’emmène dans la salle d’échange et de remise de matériel lié à la consommation de drogue, là où les usagers de drogues peuvent venir échanger leur matériel usagé contre du matériel stérile. C’est dans cet espace que les intervenants peuvent expliquer aux usagers les modes de consommation à moindre risque.


Le Passage est également équipé d’un vestiaire à habits de seconde main dont les usagers du centre peuvent Vestiairebénéficier. Il y a aussi une douche et une machine à laver.

Pour la partie sociale, les usagers peuvent avoir des petits jobs au sein de la fondation. Cela peut être mettre ou débarrasser la table, aider à préparer la nourriture, trier les déchets ou encore nettoyer le lieu. Les petits jobs peuvent également se passer à l’extérieur du centre. Il leur est proposé de ramasser les déchets et le matériel usagé dans le quartier, de s’occuper des bacs à fleurs ou encore d’aider à divers petites réparations. Les usagers reçoivent 10 frs par heure et ainsi, parfois, peuvent se payer le repas de midi. Ces petits jobs sont accessibles à l’ensemble des usagers du centre. Pour ce faire, ils sont adaptés aux possibilités physiques et psychiques de chaque usager. “On est attentif à  baisser le niveau d’accessibilité afin que chaque usager puisse effectuer un petit job !” me dit M. Pythoud.

Consommation

Infos consommation

La majorité des usagers consomment de la cocaïne et/ou de l’héroïne, souvent en plus d’une consommation de cannabis quotidienne, m’a expliqué M. Pythoud très simplement. Certains prennent en plus aussi des substances plus occasionnellement comme de l’ecstasy, du LSD et d’autres drogues de synthèse. Comme précisé, les usagers ne peuvent pas consommer au Passage; malgré cela, les travailleurs sociaux essaient de gérer avec eux et de parler ensemble de leur consommation. Par exemple, certaines personnes ont des professions, ainsi ils doivent gérer leur consommation pour ne pas être défoncés en allant travailler et ne pas être en manque ; ils peuvent trouver des conseils auprès des professionnels d’ABS, notamment.

 

Fréquentation

Depuis 2004, le Passage a accueilli environ 2800 personnes différentes. Chaque année, c’est environ 700 à 800 personnes différentes qui fréquentent le Passage et la Terrasse pour une moyenne d’environ 70 personnes différentes par jour. La majorité des personnes sont des hommes (environ 80% d’hommes et 20% de femmes).

La TerrassePour M. Pythoud, les femmes fréquentent moins le centre car il constate qu’elles mettent souvent plus de temps à demander du soutien et sont encore plus prises par la culpabilité. Les personnes ont tous âges confondus, soit de 18 à 70 ans. La plupart ont entre 25 et 45 ans et la moyenne est de 37 ans. La plupart des personnes sont installées à Lausanne, dans la rue ou non.

M. Pythoud relève positivement qu’il y a très peu de violence entre les usagers. Il pense que la qualité humaine d’accueil et la posture de non-jugement des travailleurs sociaux aide à apaiser les personnes accueillies. Il note aussi que l’intégration des usagers à la vie d’ABS aide sûrement au respect du lieu et à une certaine autorégulation. Mais il soutient que les travailleurs sociaux doivent avoir une attention constante car il peut vite y avoir de petits conflits, sans que cela mène à des complications.

 

Et si les esprits devaient s’échauffer plus, les usagers concernés ont cinq minutes pour quitter le centre avant que les travailleurs sociaux n’appellent possiblement les forces de l’ordre. Ce type d’exclusion est peu fréquent et n’est que de 24 heures. Quand les usagers concernés reviennent, ils ont un entretien de retour avec l’un des collaborateurs d’ABS afin de reprendre les éléments qui ont amené la ou les personnes à être exclues pour 24 heures.
Après avoir discuté avec M. Pythoud et fait le tour du Passage et de la Terrasse, je suis contente d’avoir découvert un lieu qui semble être accueillant et chaleureux pour les usagers. L’équipe décrite par M.Pythoud semble attentive et humaine, en lien avec des personnes que la vie n’a souvent pas épargnée. Pour lui, les deux centres d’accueil sont de “beaux endroits  qui donnent une chance aux usagers” … ce qui me semble tout à fait résumer le “Passage” et la ‘’Terrasse’’.

 

  1. Avatar
    Théodolite pierrette
    | Répondre

    Notre fille est suivie par saint Martin elle a 45 ans elle a fait toute les institutions de lausanne levant et la grande maison ? Les aller retour à une hygiène déplorable c’est faites violer moulte fois à volé la prostitution ect nous avons fouillé les caves la nuit son père lui apportait à manger alors? J ai baissé les bras après deux AVC le levant la mise dehors elle a un tuteur pas de nouvelles refus de parler à ses parent se permet de nous appeler par notre prénom m à frappée n à jamais travaillé nous sommes parents toute notre vie et je n’ ai jamais vu aucun progrès en allant faire le marché je la trouve à la riponne avec d autres zombies elle s echappe du centre finalement il sont irrécupérables ?une mère désespérée comme tant d autres et qui en veut à nos autorités de leur laxisme

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