Des indiens dans la ville

Des indiens dans la ville

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Alors que le championnat de la Ligue Majeure de Baseball vient de s’achever aux Etats Unis, osons un coup de projecteur sur les représentants locaux de la discipline. Depuis 1990, les Lausanne Indians défendent les couleurs de la capitale vaudoise au sein d’un sport qui reste largement méconnu en Suisse.

Meyzieu 2012 115Nous avons contacté Yves Rihs, Indian depuis 1997 et membre du comité, qui a accepté de partager avec nous quelques réflexions sur le parcours du club, ainsi que la pratique du Baseball en Suisse et à Lausanne.

LBB : Pouvez-vous nous présenter brièvement le club des Indians, ses origines et son parcours ?
Yves Rihs (YR) : Le club a été formé en 1990 par quelques personnes partageant une passion commune pour le Baseball. Le nom des Indians semblait logique pour ces quelques fans de la fameuse équipe basée à Cleveland (ndlr : Les Cleveland Indians sont une des équipes de la ligue majeure américaine). Pour l’anecdote, une lettre avait alors été envoyée pour demander l’accord d’utiliser le nom ainsi que le logo (très légèrement modifié) des Indians. A leur grande surprise, la direction de Cleveland leur répondit, et ce positivement !
Les Indians de Lausanne s’engagent alors en championnat suisse d’abords, puis en championnat romand en 1996, où ils remportent un premier titre. Améliorant peu à peu son niveau de jeu, le club décide de rejoindre à nouveau la fédération suisse en 2004 afin de relever un challenge au niveau national. Intégrant d’abord la dernière division, les Indians passent de la 1e ligue à la LNA en 2 saisons. C’est une période de grand succès pour le club. L’équipe s’offre le titre de champion LNB en 2005 et atteint la finale de la Coupe Suisse. Les Indians se maintiennent quelques années en LNA et, mieux encore, remportent leur premier titre national en 2008 en battant les Cardinals de Bern en finale de Coupe Suisse. Grâce à leur titre, les Indians se qualifient pour leur première Coupe d’Europe, qu’ils disputent en 2009 à Anvers.
En 2011, la politique du club évolue quelque peu et les Indians se tournent à nouveau vers la ligue suisse romande de Baseball, un niveau de jeu plus modeste. Le club s’oriente davantage sur la formation et l’intégration de jeunes et nouveaux joueurs. Passant très près du titre en 2012 au terme d’une finale incroyable (3 matchs se jouant à 1 seul point d’écart!), les lausannois remettent le couvert en 2013 et remportent leur 2e  titre de champion suisse romand, face aux Red Sox de Bulle.

 DSC_0053LBB : Dites nous quelques mots du Baseball en Suisse et du rôle qu’y jouent les Indians. Peut-on parler d’une équipe phare ?
YR : Comme évoqué précédemment, le baseball en Suisse est réparti en deux fédérations. La fédération Suisse compte pas moins de 28 équipes, réparties entre la 1e ligue, la LNB et la LNA. Les Yverdon Golgoths (1e Ligue) sont actuellement la seule équipe romande du championnat, toutes les autres sont suisses-allemandes. L’autre fédération, la LSRB (Ligue Suisse Romande de Baseball) regroupait cette saison 9 équipes issues de 5 clubs: Sierre Beavers, Martigny Minotaures, Monthey Aguilas, Bulle Red Sox, Lausanne Indians. Le championnat romand se veut plus axé sur le plaisir du jeu, et présente des coûts de participation moindres.
On peut probablement dire que les Indians ont occupé le devant de la scène pendant plusieurs années, dans les années 2000 surtout. Comme je le disais, nous avons remporté plusieurs titres, à des niveaux divers, ce qui est passablement exceptionnel pour un club romand. Après nous être retirés du championnat Suisse, nous sommes restés  en ligue romande, où le niveau est moins compétitif. Cependant, suite à l’arrivée de nombreux joueurs ces dernières saison, le club dispose aujourd’hui de 2 équipes, dont une s’apprête à réintégrer le championnat Suisse en 2014 avec pour objectif la promotion en LNB.

DSC_0033LBB : Qui sont vos membres ? Et vos fans ?
YR : Nos membres sont variés. Cela va du passionné de longue date au novice ayant l’envie de découvrir un nouveau sport, peu connu dans nos régions. L’équipe phare du club est composée de joueurs ayant une certaine expérience du jeu, et chacun sa propre histoire en lien avec baseball. Certains Américains ou Canadiens ont baigné dans ce sport depuis petits, alors que d’autres, Français, Suisses ou autres l’ont découvert par d’autres biais. Une communauté importante de Cubains et Dominicains ont marqué l’histoire du club et ont permis aux Indians d’obtenir certains titres. Notre club s’ouvre tant aux hommes qu’aux femmes. Une équipe Juniors devrait aussi renaître cette saison dans le but d’intégrer le championnat en 2015.
Nos fans sont pour la plupart liés aux Indians d’une manière ou d’une autre. Il est hélas rare de voir des gens que nous ne connaissons pas aux abords du terrain. Ce sont souvent d’anciens joueurs, amis ou familles des joueurs qui nous soutiennent. De par le manque de connaissance qu’ont les gens du baseball en Suisse, nous restons malheureusement souvent dans l’anonymat. Certains sont souvent surpris d’entendre que le baseball existe en Suisse !

7124996631_8a9a491fb1_oLBB : Quel est l’ancrage du club dans la capitale vaudoise ?
YR : La ville de Lausanne nous met un terrain à disposition (ndlr : au centre sportif de Chavannes), mais il ne nous a pas été possible de trouver un terrain exclusivement réservé au baseball. Ainsi, nous jouons à cheval sur un terrain de football et un terrain de foot US, avec un monticule entre les deux terrains. La grande majorité des terrains en Suisse ne sont malheureusement que des terrains de foot adaptés.
Aujourd’hui, nous nous satisfaisons des terrains que nous avons, mais il est vrai que nous rêvons d’obtenir davantage de moyens afin d’avoir à disposition de meilleures infrastructures. Mais il est toujours difficile d’obtenir davantage lorsque le sport que vous pratiquez est si méconnu.

LBB : En Amérique du Nord, les équipes sportives, et celles de Baseball en particulier, sont souvent un symbole fort de l’identité des grandes villes. Si on est fier d’être New Yorkais, on aime les Yankees. Pensez-vous qu’il puisse naître à Lausanne un quelconque attachement similaire?
YR : En la matière, la Suisse se trouve à des années lumière des États-Unis ! L’attachement à son club de coeur aux USA est très marqué. Ici, les choses sont bien différentes, tant le sport est peu connu et les moyens limités. Beaucoup de joueurs en Suisse aiment leur club, portent parfois leurs couleurs en dehors des activités sportives, mais ici, il est rare que des personnes hors du club demandent à acquérir un t-shirt ou une casquette de l’équipe. Les Lausanne Indians n’ont encore rien d’une marque de fabrique !

LBB : Y a-t-il une volonté de votre part de démocratiser la pratique Baseball, qui reste encore très largement méconnue en Suisse ? Ou demeurez-vous plutôt sur un “marché de niche”, où les joueurs sont avant tout des passionnés ?
YR : Il est vrai que pour une personne qui nous contacte spontanément pour rejoindre le club, il est parfois difficile de jouer à un sport dont les règles sont aussi nombreuses et complexes. Les gens connaissent occasionnellement les principes fondamentaux du jeu, mais en ignorent totalement les subtilités, les ficelles, la mécanique. De ce fait, l’apprentissage n’est pas toujours évident.
6978903156_89b4bc2fb4_oNous avons par moments dû refuser à de nouveaux joueurs l’accès direct à nos équipes engagées en championnat par souci de contingent déjà très fourni. Mais la politique du club est désormais d’ouvrir davantage ses portes. Le baseball étant peu connu en Suisse, il n’est pas concevable pour nous de refuser à des gens motivés de nous rejoindre.
Grâce à de nombreuses arrivées ces dernières années, nous avons pu avoir une deuxième équipe. Ainsi, il est possible de laisser les joueurs expérimentés se focaliser sur la performance en championnat, tout en permettant aux novices de découvrir le sport, cumuler du temps de jeu et se sentir de plus en plus à l’aise sur le terrain au sein de la deuxième équipe. Nous y axons davantage la pratique autour du plaisir et leur permettons d’apprendre les règles, les réflexes à avoir au fil des matchs et des entraînements. Avec cette deuxième équipe, nous pouvons accueillir davantage de monde, tous niveaux confondus.
L’idée serait aussi de développer un mouvement juniors afin d’assurer une continuité au sein du club. En effet, nous sommes sujets à beaucoup de mouvements au sein de nos effectifs. Si une base solide joue aux Indians depuis de nombreuses années, certains joueurs rejoignent le club pour un an ou deux. Pour certains, il s’agit parfois d’une curiosité passagère, mais bienvenue, de découvrir un sport nouveau. Pour d’autres, expatriés et en Suisse pour une durée limitée, c’est le souhait de continuer à jouer au baseball. Une équipe junior garantirait un réservoir permanent de joueurs en devenir.

LBB : Comment peut-on contacter, rejoindre ou suivre les Indians ?
YR : Nous avons une véritable volonté de pouvoir intégrer chaque nouveau joueur dans nos différentes équipes, soit directement, soit après quelques entrainements “d’essai” si le joueur en question souhaite d’abord se faire une idée sur le sport en question. Aujourd’hui, le site Internet permet de trouver rapidement le moyen de rejoindre le club, de poser une question via un formulaire en ligne.
De plus, la page Facebook se veut, tout comme le site, régulièrement mise à jour pendant la saison afin de tenir les gens informés de nos activités et performances.

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