Citoyenneté et intégration

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Dans le cadre de la manifestation « Votre Ville, Votre Vie, Votre Voix » organisée par le Bureau lausannois pour l’intégration des immigrés (BLI), le Lausanne Bondy Blog vous propose une réflexion sur le lien entre citoyenneté et nationalité.

Les prochaines élections communales du 13 mars approchant, le Bureau lausannois pour l’intégration des immigrés (BLI) organise une série de rencontres, visites et séances d’information, sous le titre « Votre Ville, Votre Vie, Votre Voix » (voir http://www.lausanne-ma-ville.ch/), ayant pour but d’informer et de favoriser la participation politique des Suisses et des étrangers bénéficiant du droit de vote sur le plan communal. Se situant dans cette perspective, le Lausanne Bondy Blog vous propose une réflexion sur le lien entre citoyenneté et nationalité : doit-on nécessairement être suisse pour avoir le droit de voter ?

La question du droit de vote et d’éligibilité des étrangers crée indéniablement la controverse. En effet, pour les opposants à ce type de droits politiques, les étrangers résidents vivent, travaillent en Suisse et y dépensent certes de l’argent autant qu’ils y paient des impôts, mais ils bénéficient en échange d’un certain nombre d’acquis sociaux ou professionnels (gratuité de l’éducation scolaire pour leurs enfants, caisse de chômage, relative sécurité de l’emploi, etc.). Leur accorder le droit de vote et/ou d’éligibilité équivaudrait à « ne leur donner que des droits et aucun devoir » pourraient s’insurger nombre de citoyens suisses.

Dans cette perspective, le droit de vote est alors perçu comme représentant beaucoup plus qu’un ensemble de décisions prises au sein de la commune ou du canton : c’est un acte d’intensification des liens entre nationaux, une marque d’attachement au pays. Conséquemment, pour obtenir le droit de vote, les étrangers doivent entreprendre une démarche visible et ritualisée d’adhésion au pays d’accueil : la procédure de naturalisation qui, par la démarche et la dépense (en argent comme en temps) qu’elle occasionne, représente un signe de cette adhésion et de cette allégeance.

Pour les partisans du droit de vote, le fait que les étrangers habitent, travaillent, paient des impôts et élèvent souvent des enfants dans leur commune de résidence légitime leur participation à la vie politique. Dans cette optique, Suisses et étrangers ont des intérêts et des avantages réciproques : les étrangers travaillent certes pour gagner leur vie, mais ils contribuent aussi à l’économie globale du pays et ont donc droit à une forme de parole politique.

Suivant ce raisonnement, le droit de vote n’apparaît pas comme une récompense, mais comme un droit (au sens commun du terme), un dû, et la concrétisation d’une exigence démocratique. Ainsi, la position des défenseurs du droit de vote des étrangers est essentiellement inclusive : le partage de la vie quotidienne et l’adhésion commune aux règles démocratiques suffisent à établir un lien et une ressemblance minimale entre autochtones-nationaux et résidents-étrangers.

A notre sens, l’octroi du droit de vote ne constitue pas seulement une reconnaissance de l’impact financier des étrangers dans la cité. Il s’agit plutôt d’une nécessité. La société multiculturelle n’est pas qu’un idéal, elle est également un fait, une réalité. Devant la menace de désagrégation d’une société aux groupes et aux statuts trop différents, il est dans l’intérêt des autochtones que les étrangers soient intégrés. L’accès au politique est par conséquent un facteur important d’intégration des étrangers et d’intensification globale du lien social.

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Francis

  1. Avatar
    romuald
    | Répondre

    C’est un très bon sujet Francis, bien que je ne partage pas ton point de vue.

    Chez nous en France, ce sont plutôt les politiciens de gauche qui défendent le droit de vote des étrangers; ceux-là mêmes qui lorsqu’ils se rendent dans d’anciennes colonies françaises vont faire des yeux doux aux dirigeants locaux, afin de draguer l’électorat potentiel en France constitué par la diaspora immigrée, parfois naturalisée.

    Martine Aubry actuellement à Dakar dans le cadre du Forum social mondial a ainsi carrément déclaré que le Sénégal et le Mali sont importants en matière de, je cite, diplomatie électorale française

    Si les étrangers participent effectivement à la vie économique du pays dans lequel ils se trouvent, j’exprime la plus grande réserve quant au fait qu’en leur accordant le droit de vote, ils défendraient l’intérêt commun – celui de la nation – et non le leur avant tout.
    Azouz Begag, un ancien ministre UMP délégué à la diversité et à la promotion de l’égalité des chances (oui oui, nous avons eu ce genre de ministère en France), désormais passé dans l’opposition (MoDem), avait déclaré en Algérie son pays d’origine qu’il oeuvrait afin que soient votées en France des lois favorables… à l’Algérie.

    Je ne connais pas bien la situation de l’immigration en Suisse donc ne peux hélas que m’appuyer sur l’exemple français, mais nous avons ici des communautés immigrées – et ce alors que notre pays est censé être indivisible donc ne reconnaissant aucune communauté/minorité) – cherchant à oeuvrer en groupes de pression, « lobbies ». Je ne suis pas persuadé que ce soit très différent ailleurs en Europe…

    SI je prends l’exemple d’une ville dont la population comporte une forte composante étrangère – et, à vrai dire, c’est le cas dans plusieurs villes d’Europe – grand est le risque, si le droit de vote est accordée au non-nationaux, que ces villes deviennent progressivement des territoires étrangers.
    Cela arrive même sans que ces populations aient le droit de vote, à cause de la mentalité d’élus pratiquant le clientélisme, l’achat de la paix sociale…

    Pour préciser, je suis moi-même d’origine étrangère, naturalisé; et je vis en Seine-Saint-Denis en région parisienne, un département rencontrant une forte population immigrée, souvent étrangère.

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