Cinoche indépendant versus cinéma pop-corn: épisode I, la battle continue

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A l’heure où les multiplexes Pathé ont le monopole sur la place lausannoise, une petite salle indépendante, le Bellevaux, survit depuis 50 ans. Votre blogueuse est partie à la recherche des secrets de cette réussite.

Qui a dit que les salles indépendantes étaient mortes ? Elles sont malades, certes, mais encore vivantes. Coincé entre deux commerces, le cinéma Bellevaux est un rescapé des ravages causés par Pathé, Europlex… Bref, les multiplexes. Ici, c’est “la porte vers d’autres horizons”. Du moins c’est le plan marketing des deux co-directeurs : Konrad Waldvogel et Serge Authier. Le business, ce n’est pas trop leur truc. Il y a dix ans, ils ont d’ailleurs failli fermer les portes de leur salle. Petit coup de chaud.

Des subventions, la salle n’en bénéficie pas. Le Zinéma, autre salle indépendante lausannoise, a pourtant obtenu le soutien de la ville. Le Bellevaux, tout comme le Capitole, ne reçoit rien : “parce qu’on est considéré comme un cinéma commercial”. C’est un paradoxe ! Ah les subventions, sujet de bien des discussions. Et les aides privées dans tout ça ? “Non merci, répond en souriant Konrad Waldvogel. On ne veut pas de l’argent des riches !” C’est en créant l’association Belécran que des fonds pour rénover la salle ont été obtenus. Une fois le lifting assuré, faut-il encore faire tourner la salle. “On fait presque du bénévolat ici. Il y a des soirs où on ne perd pas d’argent, mais où on ne fait pas de bénéfices non plus. Du coup, on n’est pas payés. Il faut être un peu fou, fou du cinéma pour s’investir !” 

Du film d’auteur tu en veux, du film d’auteur tu en auras.

Et la programmation dans tout ça ? Atypique, originale bien sûr ! Le bénévolat a ses bons côtés, puisqu’il donne carte blanche aux co-directeurs pour les projections de films. Ici, pas de Superman, d’Ocean’s Twelve, ni de Pirates des Caraïbes servis à haute dose entre deux gavages de pop-corn. Mais du film d’auteur, rare, lointain ou suisse, en 35mm. On ne plaisante pas. Bec et ongles, les directeurs défendent ce côté découverte, parfois difficile d’accès, dans l’offre cinématographique. “Parfois, on propose des films qui ont rapidement été déprogrammés ailleurs, juste parce qu’on trouve qu’ils en valent la peine.” Dans le jargon, c’est ce qu’on appelle du cinéma coup de cœur, bien loin des blockbusters !

Une telle offre ne suscite la passion des 15-25 ans, principaux consommateurs de salles de cinéma… Mais la demande est là. Elle s’étend même au-delà de Lausanne, puisque des gens font le déplacement depuis Vevey, Genève ou Orbe. “Il arrive que des clients viennent me dire: on a attendu qu’il passe au Bellevaux pour le voir. Pas question de cautionner ces salles à pop-corn !” Le client est exigeant et militant qui plus est, “contre le cinéma industriel” qu’il dit !  Pour l’occasion, moi aussi je m’engage dans un acte militant. Dans la salle, j’ai vite fait de rembarrer mes apriori : pas d’intellos-bobos, mais juste un petit parterre de cheveux blancs, silencieux jusqu’au clap final. Konrad Waldvogel, lui, est ravi : “C’est peut-être pas très grand, mais au moins, ça pue pas le pop-corn.” Ah ce pop-corn !

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Cristina

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