Chronique de blaireau…

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... parce que les premières chaleurs "estivales" valent bien une histoire de poils.

Souvenez-vous ! Pas plus tard qu’il y a deux semaines. Nous goûtions tous paisiblement aux bienfaits d’un anticyclone bénéfique aux effets historiques. Le ciel était bleu, la brise légère, les aisselles … à l’air ! Ah, surprenant ce printemps. On aurait dit l’été. Souvenez-vous bien ! Tout comme moi, vous aviez chaud ce 26 avril. Qu’importe l’heure de pointe et le trafic engorgé, vous vous dites qu’il fait tout de même trop chaud pour se taper la montée à pied. C’est donc en compagnie de quelques fronts rouges perlés et plusieurs dos mouillés, que vous sautez dans le premier bus pour rentrer. Vous ne vouliez pas marcher ? Trop tard, le piège s’est refermé.

Vous ne voyez toujours pas de quoi je veux parler ? Reprenons. Il est 18h30. La foule qui s’est engouffrée dans le bus vous empêche de respirer. Il fait chaud, très chaud. La rame est bondée. Vous êtes plaqué contre une chemise ruisselante. La tête dans le gras capillaire du voisin, vous sentez sur votre nuque le souffle chaud d’une respiration. L’atmosphère est tropicale. L’ambiance ? Celle d’un festival. Tel un groupie dans un concert bondé en plein cœur de l’été, vous perdez pied, porté par ces voyageurs agglutinés.

Alors sans réfléchir, vous attrapez la première barre de sécurité pour ne pas tomber (ou glisser devrais-je dire). Rien à faire ! C’est même pire. A son contact, une nouvelle expérience sensorielle étonnante. Votre main déjà poisseuse qui glisse le long de l’armature métallique n’assure pas votre sécurité. Quant au bus, il n’a toujours pas démarré.

Votre voisin au marcel délavé semble observer la manœuvre. Par mimétisme, il déroule son long bras velu pour vous en faire découvrir les dessous poilus. Stupeur ! Un bref moment d’inattention et vos yeux se retrouvent à quelques centimètres de cet amas de poils qui ne font désormais plus qu’un.

Vous vous dites que c’est un bien joli blaireau. Oui, un blaireau comme celui qu’on aurait délicatement posé au coin du lavabo après s’être rasé. Le poil est lisse, humide. Votre regard ne peut se détourner de cette toison uniforme. Ebahi, vous découvrez que son extrémité laisse échapper quelques gouttes d’humidité. Phénomène qui n’est pas sans vous rappelez une rosée matinale en plein été.

Le long de ce poil souple, la goutte est menaçante. Angoisse ! Vous ne touchez plus terre, votre main patauge le long de la barre de sécurité, vos yeux à dix centimètres du blaireau. Vous prenez peur. Au moindre coup de frein et votre visage viendra délicatement s’y coller. Ou c’est peut-être la goutte qui perlera votre lèvre inférieure. Sacré blaireau. Alors vous fermez les yeux pour ne pas y penser. Rien n’y fait. Dans un délire paranoïaque, vous suspectez le bonhomme d’avoir mariné toute la journée dans son sweatshirt synthétique.

La voix automatique annonce les arrêts. Vous comptez fébrilement le nombre de stations restant. Quinze longues minutes que vous supportez l’insupportable. Vous craquez. C’en est trop. Il faut sortir si vous le pouvez. Péniblement, votre main se décolle. Encore une bonne dizaine de dos mouillés le long desquels il va falloir se frotter pour gagner votre liberté. Puis c’est la délivrance. Certes, vous êtes à des bornes de chez vous, mais quel bonheur de sécher au vent.

Alors vous qui vous plaignez qu’il pleut depuis sans discontinuer, rappelez-vous que l’été n’a pas que des bons côtés.

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Mehdi

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