CdL 65 : Retrouvailles.

CdL 65 : Retrouvailles.

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Les chroniques de Lausanne - chapitre 65 : Où nos protagonistes partagent une part de très bonne tarte.

cdl65applepieRésumé des épisodes précédents : Pendant qu’Emilien, Anne et Amandine cherchaient une trace de Sal chez un des vieux profs et amants d’Anne, Millia et Max découvraient un manteau ensanglanté dans le placard de celui-ci.

-Allô ?
-C’est Anne. On a trouvé une piste. Rejoins-nous à la Riponne, au 7. Pascal Ledrieux, sixième étage, on vous attend. (Ici une voix d’homme se fit entendre) OK, je lui dis. Il y aura de la tarte ! A tout’ !

Max raccrocha le téléphone. Il en voulait, des choses. Retrouver ses potos, comprendre pourquoi son manteau était couvert de sang, et puis en passant, s’il pouvait trouver cinq (euh, non, dix, non, vingt) minutes pour faire encore l’amour avec Millia, ce serait plutôt cool. Millia semblait avoir fini de digérer leur stressante découverte, et lui lança un regard curieux.

« C’était Anne. Ils ont trouvé quelque chose. » Ni une, ni deux, Millia sauta dans ses Converse violettes et enfila une veste qui lui moulait délicieusement les… (non, sérieux, ce n’était pas le moment). Trente secondes plus tard, après avoir payé leurs respects à l’Homme Vert des voisines, ils étaient dans l’ascenseur. Elle lui prit la main, tout doucement, et la porta à ses lèvres. Il se tourna et y déposa un baiser. La rue de Bourg, un dimanche, était presque déserte. Ils reprirent le pas qu’ils partageaient déjà lorsqu’ils n’étaient que deux amis avec des secrets, et cette sensation de retrouver sa Millia plaquait sur le peu de son visage non recouvert de barbe un sourire sans doute un peu niais. Il jeta un œil rapide à son téléphone. Sam n’avait pas donné de nouvelles.

« J’ai lu récemment un article sur le fait qu’on a prouvé que même les blattes avaient des personnalités… », lança-t-elle et ils rentrèrent tous deux dans les petites conversations qui lui avaient tant manqué comme ses pieds dans ses baskets jaune fluo. Arrivés au bas de l’immeuble, c’était comme s’ils ne s’étaient jamais quittés. En plus, ils allaient peut-être retrouver un de ses potes. Et il y avait de la tarte ! Et elle l’embrassa dans l’ascenseur d’une manière qui le laissa certes un peu inconfortable malgré son baggy, mais plutôt prometteuse pour leur prochain tête-à-tête… Il souriait encore plus bêtement lorsque la porte de Ledrieux s’ouvrit.
« Soyez les bienvenus, lui dit un homme mûr, replet, aux yeux bleus perçants en lui tendant la main. Pascal Ledrieux. Et voici Loki. » Le petit Carlin renifla longuement et bruyamment Max, lécha la main de Millia, puis s’engouffra dans un couloir. Anne appela du fond de l’appartement : « Y a de la tarte ! On a faim ! »
« Entrez, entrez. Et dépêchons-nous. La tarte n’attend pas. »

Ils retrouvèrent Emilien, Anne et Amandine entassés autour d’une table seventies jaunissante, salivant devant une tarte aux pommes, dorée et encore fumante, qu’Anne finissait de découper.

« Vous prendrez du thé ? » L’homme plut immédiatement à Max, sa bonhomie rondelette et le savant bordel qui jonchait tout l’appart’ lui firent penser à son premier appart’, à l’hospitalité qu’il essayait, déjà à l’époque, de construire. Il jeta un nouveau coup d’œil à son téléphone. Sam devait être vraiment en colère. Il avait tendance à préférer, le dimanche, ne voir personne à part son colloc’, et détestait ne pas passer la journée à fumer dans le canapé.

Un sourire de Millia, une énorme part de tarte, et un thé odorant mirent ses doutes en veilleuse. Sam avait le droit de changer, lui aussi, il avait sans doute besoin de temps. Il mordit de bon cœur dans un morceau de pomme caramélisée recouverte de crème aux œufs pendant qu’Anne, la bouche pleine, leur racontait ce qu’ils avaient manqué.

-On a bien galéré, mais on a fini par trouver une piste.
Emilien se secoua sur sa chaise : –JE ai trouvé une piste. Anne jouait avec le chien, et Amandine papotait.
-Oui, oh, ça va, c’est quand même moi qui ai eu l’idée de venir ici.
-Là n’est pas la question. Il y a ceux qui ont les idées, et ceux qui bossent. Moi, j’ai bossé, et j’ai trouvé.
-Il ne faudrait pas oublier celui qui a su remettre un nom – et une adresse – sur votre découverte, quelqu’un de brillant, de passionné, de cultivé et, j’ajouterais, de particulièrement bien conservé pour un homme de son âge, déclara Pascal.

Amandine pouffa dans sa tasse. Elle avait l’air d’avoir passé une excellente journée.

Millia soupira :
-Et on peut savoir ce que vous avez trouvé, alors ? Ou vous allez passer l’après-midi à vous lancer des fleurs ?
-On a le nom, et l’adresse d’un mec qui doit être un pote à Sal. Pas mal pour une aprem de boulot, non ?

Emilien et Anne rayonnaient de fierté, Pascal les singeait à l’attention d’une Amandine hilare.

-Cool !, s’exclama Max. On finit la tarte et on y va ?
Millia soupira. Elle était à deux doigts du massage de tempes. Max lui lança une grimace en haussant les épaules.
-On peut savoir qui est ce type ?

Pascal lui tendit une photo :
-Sébastien Andrazzi. Une vieille connaissance de mes jeunes années de fêtes. A l’époque, je crois qu’il travaillait pour la Commune de Lausanne. Il était très amoureux du maître d’œuvre des soirées underground lausannoises de l’époque, un certain Antoine quelque chose – qui est mort il y a à peu près vingt ans. Il avait un petit appartement où j’ai quelquefois terminé les pires soirées – ou étaient-ce les meilleures..?

Pascal soupira, se perdit un instant dans ses pensées. Anna claqua des doigts devant son nez pour le ramener dans la cuisine.
-Enfin, voilà ce que je sais… Il habite au Maupas, à deux pas d’ici. Il ne me connaît plus, je pense. Mais c’est la meilleure piste qu’on puisse trouver.
Max regarda la photo. Le vieil homme maigre et mal rasé assis à côté de Sal lui disait quelque chose. Comme s’il l’avait déjà rencontré.
-On pourrait lui demander s’il a des nouvelles de Sal.

Millia hocha la tête.
-Fais donc ça. Moi je vais rentrer à la maison, j’ai des trucs à faire.
-Ah, tu… Tu viens pas avec nous ?
-Non seulement je viens pas avec vous, mais je pense que ce serait une erreur que vous y alliez tous ensemble. Vas-y toi, éventuellement avec quelqu’un, mais ce serait idiot de débarquer à six chez un inconnu, ça ferait à moitié secte, quoi.

Elle n’avait pas tort, mais Max ressentit un petit pincement au cœur. Ils devaient se séparer à nouveau, est-ce que ça allait briser cette petite bulle qu’ils avaient construite cette nuit ? Elle s’approcha de lui, comme pour répondre à sa question, et l’embrassa doucement.
-Je file. A ce soir.

Il passa une main sur sa joue puis la regarda quitter l’appartement.
-Bon. Qui veut venir avec moi chez le gars ?

A suivre…

Photo CC : Robert S. Donovan

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