Résumé des épisodes précédents : Après plus de huit mois d’attente, Max et Millia ont fini par discuter et, au vu de la nuit précédente, cela s’est plutôt bien passé.
Le compresseur du frigo se mit à ronronner tout doucement dans la moiteur et Max ouvrit un œil sur sa chambre. A travers le store passait assez de lumière pour qu’il puisse constater que Millia avait raison : Il vivait effectivement dans la chambre d‘un gamin hyperactif à l’hygiène douteuse. Ce n’était pas la première fois pourtant qu’elle visitait sa chambre, mais évidemment les circonstances avaient changé, comme en attestaient une pile de vêtements au pied de son lit plus haute que d’habitude. Max gratta la barbe naissante sous son menton, négligemment, avant de se tourner vers une Millia qui dormait calmement, les mains sous la tête, immobile à l’exception de ses respirations qui la berçaient.
Son épaule dénudée et sa jambe droite dépassaient du duvet, un sein calé par l’oreiller suivait les allées et venues avec un peu de retard. Ses boucles châtain clair coulaient le long de son cou, à gauche. En l’enlaçant, il s’étonna qu’elle lui semble si petite. Une respiration un peu plus forte, elle pivota contre son torse, les yeux toujours clos. Il avait à peine osé la regarder durant cette nuit, de peur de réaliser que tout ceci n’était qu’un rêve, qu’il avait, une fois de plus, voulu et pas pu, imaginé une issue moins réelle qu’idéale. Sentant ses côtes s’élever contre son torse par intermittence, il décida pour l’instant que si c’était un rêve, il n’avait que moyennement envie d’en émerger. Chassant d’une main une mèche qui menaçait dangereusement de s’insinuer dans sa narine gauche, il referma les yeux en soupirant, et elle se blottit dans son enlacement, sa respiration modulant son rythme.
Les yeux clos, elle ânonna une demi-phrase que Max n’essaya même pas de déchiffrer, et un sourire satisfait s’ébaucha sur son visage, un subtil plissement des yeux, un frémissement de narine, la bouche qui se relevait d’un côté puis de l’autre. Il connaissait ses sourires par cœur, mais il décida à cet instant précis qu’il pourrait passer sa vie à les révéler ainsi.
D’une voix rauque, elle lança un petit « hey », arrondissant le dos contre lui. Son œil s’ouvrit un quart de seconde, et elle le referma dans une grimace exagérée. « Trop clair… », elle rabattit un pan de duvet sur leurs têtes puis soupira de satisfaction. « Mieux. » Une inspiration, et ses deux yeux s’ouvrirent, se fixant sur Max qui la regardait toujours. « Alors, heureuse ? », elle lui lança. Max répondit d’un ton grave « Oh, James, cette nuit, j’ai vraiment appris ce que voulait dire être une femme. » Ils pouffèrent doucement. Elle s’échappa un peu de ses bras, et planta les yeux dans les siens. « Je t’ai dit que t’étais trop bête aujourd’hui ? » Max haussa les épaules. « Bon, on va commencer la journée par ça. Si tu étais moins bête, cette nuit aurait eu lieu il y a six mois. Et ne prends pas cet air contrit, ça ne marche pas avec moi. » Max leva un œil « Mais euh… alors pourquoi tu es ici ? »
« Bon, OK, ça marche un petit peu, concéda-t-elle d’un air de dédain. Mais n’en abuse pas.
-Je ne me permettrai pas… Tu veux un café ?
-Plus que tout au monde. Mais il est hors de question que qui que ce soit bouge de ce lit.
-Mais je veux un café, moi.
-C’est une prise d’otages, tu n’y peux rien. Si mes conditions sont satisfaites il ne te sera fait aucun mal…
-Et c’est quoi, ces conditions ? »
Une lueur dans son regard renseigna Max, et il ne lui fut effectivement fait aucun mal.
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Accoudé au bar de la cuisine, Max laissa la chaude amertume glisser dans sa gorge et sortit des placards de quoi faire déjeuner sa chérie. L’appartement était vide, Sam n’était pas rentré, il ferait sans doute la gueule pendant quelques temps encore, et les trois autres avaient laissé un petit mot : « Partis en mission, passez-nous un coup d’fil ! » Millia, son café bu, cherchait dans son placard un t-shirt qui ne lui arriverait pas jusqu’aux genoux, et peut-être un pantalon de jogging n’ayant pas servi à étancher une fuite dans le système de refroidissement liquide qu’il avait un jour installé – non sans conséquences désastreuses – dans un de ses ordinateurs.
Elle entra dans la cuisine avec à la main un vêtement froissé, noir et sale.
« J’ai pas trouvé de jogging, mais est-ce que tu peux m’expliquer ce que c’est que ce truc ?
-Euh… un manteau ? »
Max se rappela leur dernière sortie, avec Emilien et Sam, celle où ils avaient rencontré Sal. Il se rappelait, très vaguement, avoir cherché ce manteau, son manteau de crimes, comme il l’appelait.
« C’est cool que tu l’aies retrouvé… », Millia le regardait bizarrement, allant du manteau à lui, les sourcils froncés. Il se pencha d’un peu plus près sur l’étoffe noire, et remarqua soudain quelques taches plus sombres, entourant une zone froissée étrangement, rigide, et également sombre.
« C’est quoi ce truc ?
-C’est du sang, je crois. »
Max fit les yeux ronds. Millia semblait attendre une réponse. Il n’avait strictement aucune idée.
A suivre…
Photo CC Andrea Palazzi
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