Yeux pétillants, sourire toujours en coin et caméra à portée de main, Walder discute avec un lecteur. La table qui les sépare ne semble être qu’une barrière physique. Les traits se multiplient sur le papier et les paroles s’échangent avec bon humeur et partage décomplexé. Il est question de Lucha Libre, la série phare de Jerry Frissen, où l’on suit les aventures de luchadores pas comme les autres : trash, décalés, idiots, mais toujours drôles. Walder parle avec ferveur de son album (lui au dessin et aux couleurs, Frissen au scénario) qui s’inscrit en parallèle de cette série, mais qui en conserve les principaux attraits. Maximum & Minimum : Le général Belzébuth (quel titre !) nous raconte les aventures de ces deux amis, qui vont découvrir une ville souterraine sous Little Tokyo, le quartier japonais de Los Angeles, et essayer de démanteler un complot apocalyptique. Un programme alléchant et curieux, mené par un graphisme fouillé et coloré aux néons. Le lecteur repart avec son album dédicacé et l’air très contenté. Je me glisse alors à la table, m’installe et comme devant un café, la discussion se lance, pendant que Walder n’a de cesse de dessiner. “Y’a pas de souci”, me lance-t-il, “j’fais comme les femmes : un bout de cerveau pour ça et un autre pour ci, un pour dessiner et l’autre pour répondre, ça devrait l’faire !” Bon concept et bon esprit, me dis-je, avant de lui poser la première question.