Berlusconi tape sur les expatriés italiens

Posté dans : Politique 2
Face aux coupes budgétaires sur l'éducation des Italiens de l'étranger, la communauté lausannoise monte aux barricades.

Samedi 29 novembre, il est à peine 11 heures du matin. Devant l’entrée du Consulat d’Italie, rue du Petit-Chêne, une vingtaine de personnes sont rassemblées. Une heure après, ils seront une bonne centaine, brandissant pancartes et panneaux sans équivoque: Vergogna!!!, (une honte!!), Voglio la scuola (Je veux l’école), Berlusconi non riconosce che gli italiani all’estero sono risorse per l’Italia, vergogna! (Berlusconi ne reconnaît pas que les Italiens expatriés sont une ressource pour le pays, c’est une honte!).

Eh oui, pour économiser en ces temps de crise, notre cher Cavaliere n’ a rien trouvé de mieux que de couper de près de 60% les fonds alloués à l’éducation, l’assistance et la promotion de la culture pour les italiens de l’étranger. 60%, ça fait beaucoup, surtout pour un pays comme la Suisse, qui a connu, à partir des années 1960, une immigration massive. Les Italiens représentent en outre la communauté étrangère la plus nombreuse. Selon les chiffres 2007 de l’Office fédéral de la statistique (OFS), ils occupent confortablement la pole position, avec une population de 291’200 personnes, suivis des Allemands (203’200) et des ressortissants de ce qui était encore la Serbie-Monténégro (188’000). Par ailleurs, il faut savoir que les Italiens sont les étrangers les plus facilement naturalisés en Suisse, et la population étrangère la plus profondément ancrée historiquement en territoire helvétique.

Que les choses soient dites, les manifestants ont de bonnes raisons de crier au scandale. 

Tout d’abord, cette décision de coupe budgétaire s’est prise à Rome, par décret et sans même consulter le Parlement. Donc le peuple. Par ailleurs, à l’étranger, trois instances institutionnelles, officielles et démocratiquement élues, représentent et défendent les intérêts des expatriés: Le COM.IT.ES Vaud-Fribourg (Comitato Italiani all’Estero, Comité des Italiens à l’étranger), basé à Lausanne; le CGIE (Consiglio Generale degli Italiani all’Estero, Comité général des Italiens à l’étranger), qui se concrétise par un représentant/délégué pour chaque pays (M. Gianfranco Gazzola pour la Suisse); et un groupe de parlementaires italiens, élus tous les quatre ans. En Suisse, ils sont trois, dont le sénateur Claudio Micheloni. Or, le gouvernement de Berlusconi, magnanime au plus haut point, n’a consulté aucune de ces trois organisations pour décider des coupes. De Rome, le Cavaliere s’est par conséquent donné le droit de couper les vivres à ses concitoyens sans même leur demander leur avis. Processus totalement antidémocratique, il fait dresser les cheveux sur la tête de Michele Scala, l’un des principaux instigateurs de la manifestation de samedi. “C’est digne d’un Etat suivant une doctrine autoritariste, pas d’un Etat démocratiquement constitué” dénonce-t-il.

Ensuite, en sachant que ces coupes handicaperont l’éducation des jeunes italiens de l’étranger (cours de langue et de culture italienne), elles auront pour conséquence d’empêcher les nouvelles générations d’apprendre et de vivre ce qui constitue les fondements mêmes de leur identité. Moins d’argent signifie moins de cours, moins de cours moins de professeurs, moins de professeurs moins de connaissances, moins de connaissances moins de richesses, moins de richesses moins d’avenir. Avec une telle mesure, Berlusconi oublie que la force et l’image de l’Italie tient en grande partie du résultat de l’émigration italienne dans le monde. Les Italiens de l’étranger, de première, deuxième ou troisième génération sont une ressource indispensable au bon fonctionnement du pays. Couper les budgets de l’éducation, Monsieur Berlusconi, c’est tout bonnement scier la branche sur laquelle on est assis…

D’après Grazia Tredanari, présidente du COM.IT.ES, le budget pour l’éducation des Italiens expatriés dans le monde représente un total de 34 millions d’euros. Par une savante règle de trois, la coupe annoncée à près de 60% annoncée fera tomber le chiffre à 13,6 millions d’euros. En Suisse, le montant final est encore inconnu, mais la réforme financière fera mal. ”Nous avons en Suisse un total de 15’000 élèves, la proportion la plus élevée au monde. Il est temps que le gouvernement se demande si ces Italiens sont une valeur ajoutée pour le pays ou non…” ajoute encore Grazia Tredanari.

La décision doit passer ces prochains jours devant le Sénat, mais personne ne se fait d’illusions: le nouveau plan financier entrera en vigueur au 1er janvier 2009. Ce samedi, les organisateurs de la manifestation ont remis une lettre de protestation au Consul général, M. Adolfo Barattolo, avant d’occuper symboliquement et pacifiquement les locaux du consulat jusqu’à la fermeture. Ils ont également encouragé les personnes présentes à signer une pétition. Elle est accessible en ligne à l’adresse:
http://www.firmiamo.it/petizionemondialecontroitaglidellafinanziaria

A quand une pétition pour jeter ce vieux sac de Berlusconi par la fenêtre?

Michael De Pasquale

Michael

2 Responses

  1. Avatar
    lie
    | Répondre

    Vergogna, comme tu dis Michael, la politique économique et sociale de Berlusconi et le patronat italien, avec leurs coupes budgétaires qui frappent le système scolaire, les atteintes à la laïcité, plus toutes ses lois ad personam et sa politique mafieuse. C’est marrant en écrivant ça j’ai l’impression de parler de la France qui malheureusement est en voix de Berlusconisation avancée.

Répondre à michael_depasquale Annuler la réponse

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.