Les mots à utiliser en 2009, n°1

Posté dans : Rien à voir 7

En effet, Nicolas. Passionné depuis ma plus tendre enfance par l’élaboration de concepts d’une débilité crasse, et inspiré, comme l’a si bien résumé l’excellent chapeau de cet article, par une dépêche du site culturellement dans la place fluctuat.net1, je m’ai dit que le très smart lecteur du Bondy Blog lausannois serait intéressé à enrichir son lexique de quelques vocables, tantôt de mon cru, tantôt de mon crew, et tantôt d’un vaste connard entendu au détour d’une tête de gondole dans un magasin de vivres de type superette/supermarché. Ainsi, je vous offre, en plusieurs fois, ces quelques mots ou onomatopées qui feront à coup sûr le bonheur du petit maître capello qui sommeille en chacun de vous. Et le mot du jour est… Ayance!

Y’a plus de vieillesse…

Posté dans : Société 6

C’est deux mecs d’une vingt-cinquaine d’années qui rentrent chez eux, un lundi hivernal en fin d’après-midi. Ils arrivent depuis le passage sous-voies à l’arrêt M2 de la gare de Lausanne, direction centre-ville. Tranquillement, ils regardent sur le panneau indicateur, inexplicablement barré de scotches rouges depuis maintenant environ quatre mois, le temps qui les sépare d’une prochaine navette, et célèbrent les 7 minutes d’attente annoncée avec une cigarette roulée, ne dérangeant a priori personne. C’était sans compter sur l’arrivée de celle qui allait devenir leur némesis pour ce laps de temps qui parut durer, pour le coup, une éternité.

Rien qu’une signature…

Posté dans : Société 0

Ces événements se déroulent entre midi et une heure de l’après-midi. Je suis assis à la terrasse de la cafétéria de l’Université de Lausanne avec une bande de marlous dont les plus rebelles sussurent un clope pour mieux faire passer la piccata de poulet et les pommes mousseline. Une petite nana se pointe, papelard et stylo à la main, et entame un speech concerné sur les riches qui deviennent toujours plus riches et sur les pauvres qui crèvent sous les ponts mais ce monde s’en fout.  En bref, y’en a marre, fuck Bush, Sarko facho, c’est dégueulasse, et pour que ça le soit vachement moins, yaka être jeune, yaka être engagé et donc yaka parapher le merveilleux outil démocratique que constitue l’initiative populaire. Seulement voilà, moi, depuis plusieurs piccatas à la cafét’, j’en suis un peu revenu des martyrs de service qui portent le malheur du monde sur leurs épaules et veulent alléger leur fardeau avec un papier, et je m’en vais le lui expliquer.

Obama Vs. Dieu – Round 1/2

Posté dans : Rien à voir 1

C’est une belle fin d’après-midi d’hiver et un soleil glacial termine sa descente derrière le grand obélisque de Washington D.C. Dans la pénombre naissante du bureau ovale, Barack Obama se repose dans un fauteuil à haut dossier, près de la cheminée éteinte, en pensant, tout à la fois excité et inquiet, au gigantesque faisceau de responsabilités qui l’envahira dans moins de 24 heures, lors de son sacre de 44ème Président des Etats-Unis d’Amérique. Une violente sonnerie rompt le silence paisible de l’endroit, ainsi que cet ultime moment de torpeur dans lequel s’est plongé le futur chef d’Etat. “C’est le téléphone rouge, merde! se dit-il. Ca ne peut rien présager de bon.” Il se lève, s’approche de l’appareil et se saisit du combiné d’une main tremblante…

Ch’uis pas raciste, mais…

Posté dans : Société 13

Il prit le silence et le rompit. Il est navré de ce qu’il dit, mais il le dit. Il doit le dire. Ce sont les gênes, il l’a compris depuis bien longtemps. Alors l’air grave, bouffi d’empathie, il explique. Il explique que ça ne l’étonne guère, ces deux Yougoslaves qui ont agressé un de leur compatriote à la sortie d’une boîte. Ils sont bagarreurs. Ca fait partie d’eux. Bah, les journaux le disent bien, ce sont toujours des Yougoslaves qui se battent. Oh, pas tous, bien sûr, mais la plupart. Regarde chez eux: tout le temps des guerres, jamais d’accord. Et les noirs, tu les as vus à Chauderon. Ah ben, c’est clair que vendre de la drogue c’est risqué, mais quand on aime pas travailler et qu’en même temps on a un penchant pour le luxe, comme beaucoup d’entre eux, c’est vrai que ça reste une solution plutôt futée. Lui, il aimerait bien être aussi rusé, les choses seraient plus simples, mais il est né avec les valeurs de travailleur régulier propres aux Occidentaux. Pas tous les Occidentaux, mais une bonne partie, disons. Il en est content, d’ailleurs. Il sent bien que dans la balance du bon et du mauvais, il a eu la chance d’avoir les principes les plus équilibrés et en remerciement, il doit être indulgent avec les Autres. Il se fait parfois marcher sur les pieds parce qu’il n’a pas la fierté de beaucoup d’Arabes, mais ça lui évite aussi de se mettre dans l’embarras avec la justice pour sauver la face coûte que coûte. Lui, il a l’honnêteté suisse et franchement, ça lui a vachement bien réussi. Et sans tricher. Ca, c’est en lui. Lui c’est un tendre xénophobe, un TX.

Bienne Vice

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Bientôt dix ans que j’associe le nom de Bienne à la beuh, et je comprends toujours pas pourquoi. J’ai eu beau passer par la case “juriste” entre temps et étudier la genèse des phénomènes criminels aujourd’hui, y’a pas moyen, je bite pas comment dans certaines villes de notre bonne vieille Schwiiiitz, dont Bienne est l’une des plus illustres représentantes, on peut plus ou moins grossièrement vendre et consommer une substance déclarée illicite dans une loi fédérale sous le nez des autorités sans avoir (trop) peur de se faire choper. Je décidai donc après tant d’années de flou d’entreprendre une mini-recherche pour enfin comprendre, à l’aube d’un bouleversement potentiel de ces petites pratiques, pourquoi Bienne est la ville romande où tout semble permis.

Don’t wanna be Obamaself

Posté dans : Société 5

Mardi 4 novembre 2008, un noir a priori sympa décroche un bon poste à 100% dedans de les Etats-Unis de l’Amérique. Mercredi 5 novembre 2008, un mec, attablé avec deux autres types, se lève dans le restau où je mange avec mes amis, pose le classique “chting chting chting” annonçant un toast imminent et lance à la cantonade: “Hey ley gars, j’m’exquiouse de vous dérangey, mais j’aimerey quand même vous demandey de faire diou brouit pour Barack Obama! On est american, et ça niou fait vraiment plaisir!”. Le flop. “Alley, faites diou bruit, quoi!” Deux ou trois claps gênés résonnent dans le silence de l’endroit pourtant bondé et notre intermittent de la vie se rassoie dignement, comme si le seul bide qu’il ait jamais connu était celui qui lui sert en ce moment à digérer ses frites. Mini-débat à ma table. “On est quand même trop con d’avoir rien dit! Le pauvre!” lance une copine. “Mais ouais!” répond un pote. Et moi d’être tout à fait d’accord avec cette violente prise de position! Une morse. Deux morses. Le malaise fout le camp. L’ambiance repart. Ouf, c’est passé. On n’aime pas ça, hein, ces moments bizarres où on sent que quelque chose nous chiffonne mais on sait pas bien quoi. Alors on dit: “Il est bon ton steak?”, pis on rigole de nouveau.

L’instant critique

Posté dans : Société 3

Je tends la main et j’attends la monnaie. Le geste est tout bête, pas réfléchi, spontané. 1 franc 40 de pourboire, faut pas déconner non plus, c’est la crise, mine de rien. Non, et puis il me faut deux-trois piastres pour acheter des clopes. C’est ça surtout. Et quand même, 1 franc 40 pour quatre consommations à vingt francs, c’est raque… Ah, mais la voilà qui arrive, la gourgandine, clopin-clopant dans son uniforme de pétasse et de la graille plein les mimines. Jusque là, je suis fan. Je la regarde et lui souris élégamment, désintéressé. Ou avec un air complétement couillon, je sais plus. Le regard se rend. Le bras se tend. Je suis à mille lieues d’imaginer le cataclysme qui s’apprête à bouleverser mon équilibre.  Le reflet d’un spot sur les quelques piécettes fend violemment l’atmosphère de velours régnant dans le bar, provoquant en moi une cécité momentanée. Moins d’une demi-seconde plus tard, la réalité s’offre à moi, s’impose en fait, lourde, pesante. Je suis là, seul, bras droit tendu dans le vide et main gauche sur la hanche, façon théière, avec un tas ridicule de trois petits sous-sous déposés à quelques centimètres de mon corps flasque et honteux, sur le comptoir. Ai-je mentionné que je tendais la main?

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