José Roosevelt : de la peinture à la BD, de Brasilia à Lausanne.

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C’est dans un café de Grancy exceptionnellement calme, que j’attends José Roosevelt. Le soleil éclaire les tables et se reflète dans les verres, pendant que les serveuses font danser leur jupe au rythme des commandes. À l’heure dite, ce Brésilien en pleine force de l’âge passe la porte, s’assied tranquillement et me gratifie d’un large sourire. Il me demande comment va la vie et je lui réponds que les beaux jours réchauffent les cœurs. Il enlève sa casquette, la pose sur la table et demande un thé noir. Toute cette force tranquille qui vient de s’installer en face de moi me met à l’aise. Puis, tout en simplicité et joie de vivre, il lance la conversion.

Japan Pop Culture à Polymanga 2011 !

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Bon, déjà quand tu sors du bus, PAAMMM : la couleur est annoncée. Ça rit dans tous les coins, ça s’agite, c’est jeune, passionné, et en plus il fait un soleil de tous les diables. Les escaliers du Palais de Beaulieu sont noirs de cosplayers. La dentelle rivalise avec les chaussures compensées. Les lentilles rouge sang se marient avec les chevelures à l’architecture laquée. Moi, avec mon pauvre T-shirt Mirai Nikki, je fais profil bas et je monte vite vers l’entrée où la clim me redonne de quoi respirer tout en éveillant ma soif. Un peu plus loin, une jolie jeune fille staffée de vert hypnotique m’accueille tout en feuilletant une liste longue comme la queue de Sangoku. « Ah oui, le stand de la ****, vous êtes nouveau cette année ». Eh oui, c’est le cas, c’est ma première fois à Polymanga. Toujours parti en week-end, j’aimais à fuir cette manifestation qui pour moi ne se résumait qu’à une orgie de jeunes déguisés, victimes de leurs hormones.

Scre4m… on crie tous à la renaissance.

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Voilà maintenant une décennie qu’Hollywood s’évertue à faire revivre les légendes du slasher américain, avec un succès tout relatif à la quantité de sang versé. Délaissant ainsi la qualité des films originaux, les remakes se contentent d’aligner massacres, personnages plats, filles à gros seins, cris perçants et twists minables pour nous servir une bouillie informe où les réalisateurs (comme les acteurs et les scénaristes) sont devenus interchangeables. Massacre à la tronçonneuse, Vendredi 13, Les griffes de la nuit, Meurtres à la Saint-Valentin… toutes les années 80 ont été revisitées et exploitées jusqu’à la moelle. Il ne restait donc plus qu’aux producteurs à passer à la décennie suivante et à recommencer leur manège. Et heureusement pour nous, certains ont appris de leurs erreurs. C’est ainsi que naît l’idée de Scre4m, franchise star des années 90, qui 15 ans après l’original renoue avec les codes du genre avec justesse et dérision, le tout sous l’égide du maître de l’horreur Wes Craven.

« Nous sommes avec vous » ou quand les jeunes créateurs lausannois soutiennent le Japon.

La journée se termine. Le soleil descend lentement à l’horizon. Les ombres s’allongent sur les trottoirs et, au milieu du capharnaüm ambiant, le pont Chauderon se dresse tel un monstre de pierre. Marcher dessus est un honneur, un privilège. Comme si cette construction centenaire nous accueillait à bras ouvert et nous laissait traverser ses 250 mètres en toute quiétude, jouant le rôle réconfortant de ces choses qui ne changent pas, quels que soient les évènements qui nous accablent.

De là où je suis vol.07 – Quand la jeunesse confond parade et sentiment

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Quai M2 Flon / 12.03.2011 / 23h07. Encore un samedi soir sans promesses et sans miracles à l’horizon. Juste l’habituelle perspective d’un rituel mesuré, dont la saveur s’effile au fil des années. Comme toujours, les mots claqueront sur les langues, s’élèveront un court instant avant de s’évaporer presque immédiatement dans l’air saturé de décibels. Comme toujours, les verres danseront sur les tables, deviendront les étoiles de ces scènes boisées, avant de finir inexorablement noyés dans l’eau savonneuse. Comme toujours, les éclairages se refléteront sans force sur les murs fatigués, valseront au rythme des silhouettes indistinctes, avant de devenir flous et crépitant d’épuisement. Puis, la chaleur des intérieurs cédera sa place au froid sec de la nuit et l’indifférence remplacera la proximité. Parcours purement transitoires, nos alleées et venues sur le macadam se rythmeront des échos des talons hauts et des quelques rires et cris épars. Enfin, les minutes défileront péniblement et se graveront d’un vert sans vie sur nos rétines impatientes. Une nuée de gloussements se fera alors entendre du haut des marches et petit à petit une multitude de jambes noircies de nylon se révèleront à nos yeux transis et bouillants.

Walder, un minimum de blabla pour un maximum d’idées !

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Yeux pétillants, sourire toujours en coin et caméra à portée de main, Walder discute avec un lecteur. La table qui les sépare ne semble être qu’une barrière physique. Les traits se multiplient sur le papier et les paroles s’échangent avec bon humeur et partage décomplexé. Il est question de Lucha Libre, la série phare de Jerry Frissen, où l’on suit les aventures de luchadores pas comme les autres : trash, décalés, idiots, mais toujours drôles. Walder parle avec ferveur de son album (lui au dessin et aux couleurs, Frissen au scénario) qui s’inscrit en parallèle de cette série, mais qui en conserve les principaux attraits. Maximum & Minimum : Le général Belzébuth (quel titre !) nous raconte les aventures de ces deux amis, qui vont découvrir une ville souterraine sous Little Tokyo, le quartier japonais de Los Angeles, et essayer de démanteler un complot apocalyptique. Un programme alléchant et curieux, mené par un graphisme fouillé et coloré aux néons. Le lecteur repart avec son album dédicacé et l’air très contenté. Je me glisse alors à la table, m’installe et comme devant un café, la discussion se lance, pendant que Walder n’a de cesse de dessiner. “Y’a pas de souci”, me lance-t-il, “j’fais comme les femmes : un bout de cerveau pour ça et un autre pour ci, un pour dessiner et l’autre pour répondre, ça devrait l’faire !” Bon concept et bon esprit, me dis-je, avant de lui poser la première question.

Black Swan, ou l’ultime danse de Darren

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Le noir complet. Quelques notes de musique. Deux mots à la typographie glaciale. La lumière s’allume. Tutu, ballerines et maquillage de nacre. Nina arrive sur scène. Le blanc qu’elle revêt rayonne et transperce l’étouffante obscurité. Ses bras tranchent divinement chaque molécule d’air qu’ils rencontrent. Ses pieds quittent le sol et s’envolent avec une facilité déconcertante, avant de retomber telles deux plumes sur la surface d’un lac. Tout son corps est habité par les vibrations. Tchaïkovsky respire à travers elle. Ses mouvements découvrent des émotions jusqu’alors inédites. Le cygne blanc n’est plus un fantasme, il prend corps et s’élève à chaque variation de l’orchestre. La beauté remplit l’écran et fait de nous son esclave.

De là où je suis vol. 06 – Quand l’indifférence nous prend en otage

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Rue centrale/28.01.2011/8h43. La grisaille matinale semble s’agglomérer autour de ma tête. Le ciel ne me fait aucune promesse et le vent me tend l’échine. Mes muscles sont encore à moitié endormis et seule la vitre, contre laquelle je m’appuie, m’empêche de finir sur le sol. Putain d’hiver ! Puis, le bruit des freins et le mouvement du bus m’éveillent, suffisamment pour que malgré moi mon doigt appuie sur le cercle vert et que les portes s’ouvrent. Je m’engouffre alors dans ce compartiment mobile ergonomiquement préprogrammé et l’air chaud m’enveloppe soudainement. Je me poste à nouveau contre une vitre pour assurer mon équilibre. Mes muscles se détendent légèrement et mon esprit commence à vagabonder autour de moi, au rythme des allées et venues des passagers, des bruits étouffés des lecteurs MP3, des froissements de papier journal et des conversations. C’est alors que je remarque une voix que j’avais ignorée jusqu’alors, trop concentré sur ma personne et sur mon état de veille.

De là où je suis vol. 05 – Quand la cathédrale s’enflamme

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Pont Bessières / 31.12.2010 / 23h40. Dès la sortie de l’immeuble, on sent que quelque chose est différent. L’air semble plus léger et le froid a lâché prise. Nos corps emmitouflés se raidissent un bref instant, avant  de prendre le pli et d’obéir à la chaleur ambiante. Nos joues rougies peuvent enfin s’étirer sans mal au rythme des conversations et des rires. Nos paroles raisonnées et insensées s’élèvent vers les toits de la ville, formant de mystérieuses vapeurs qui, aussitôt expirées, se mettent à danser sans contrainte au rythme du vent. Le bruit des pas résonne. Ils viennent de toutes les directions et emplissent la ville d’une symphonie sereine et parfois désaccordée. Tout nous semble permis ce soir. La magie qu’on nous a annoncée devrait bientôt prendre effet.

De là où je suis vol. 04 – Quand l’obligation d’offrir prend le pas sur le plaisir d’offrir

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Bel-Air/15.12.2010/16h46. Il fait chaud ici. Les néons créent une fausse impression de bien-être et de bienvenue. Partout, les couleurs se rencontrent, se succèdent, s’interpellent, le tout en un délicieux chaos qui ferait rougir un arc-en-ciel. Dans les allées, les gens errent au hasard, le regard hagard et le corps emmitouflé de toute part. Ils essaient d’identifier et d’analyser ce qui se présente à eux. Ils doivent acheter quelque chose, mais quoi ? Le savent-ils seulement ?

Machete ou la série B dans tous ses états… bons et mauvais!

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Les rues sont blanches et poudreuses. Le froid est enfin tombé sur la ville. Mes pas incertains me conduisent difficilement à travers ce labyrinthe de verglas et de neige fondue. Le Flon est étrangement calme ce soir, une ambiance étrange et peu rassurante commence à y naître. L’air est électrique et les esprits commencent à s’échauffer…  pourtant la lune n’est qu’à moitié pleine. Puis, tel un refuge, l’imposant bâtiment jaune s’impose à mon regard et me montre la direction. Il est 23h26. Le film commence dans quatre minutes. Après avoir parcouru le couloir sombre et oppressant qui mène à la salle numéro 8, je pénètre dans l’antre presque pleine, qui toute en hauteur me donne l’impression d’être minuscule. Le film va débuter. Je m’assois et me concentre sur la voix suave qui m’annonce que « les cinémas Pathé sont heureux de vous présenter votre film ». Ce soir, c’est l’avant-première de Machete, le nouveau film de Robert Rodriguez.

De là où je suis vol. 03

Posté dans : Politique 2

Avenue Georgette/11.11.2010/13h24. Ce rouge m’agresse les rétines, cette moustache m’horripile, cette barre noire m’aveugle et  cette peau me révulse. Mon esprit se sent pris au piège, comme un animal traqué. Semblables à trois monstres tapis, ces trois lettres n’attendent que le plus infime signe de faiblesse pour me sauter à la figure et m’immobiliser, comme si ce choix n’était plus mien. Ce faux fondu blanc, lui, aimerait bien m’adoucir et faciliter mon jugement, en me caressant gentiment dans le sens des cils. Et quant à ces mots, mon vocabulaire n’est semble-t-il pas assez étendu pour prendre la peine de les décrire.

Cinémanniversaire: 60 ans de neuvième art à Lausanne!

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Au commencement, il y avait Bâle et ses archives cinématographiques. Mais en 1948, cinq ans après leur création, ces mêmes archives ferment faute de subventions suffisantes. C’est alors que les dirigeants du dynamique Ciné-club lausannois, prennent les choses en main et font transférer la fondation à Lausanne, où les archives cinématographiques prennent le nom définitif de Cinémathèque Suisse. En 1950, les premiers films sont projetés sous la direction de Freddy Buache, auteur et critique cinématographique suisse, qui restera fidèle au poste jusqu’en 1996. Sans cesse grandissante, la Cinémathèque devient en 1981 une fondation privée, subventionnée aux deux-tiers, et prend ses quartiers au Casino de Montbenon, qui lui offre deux salles de projections permanentes. Puis, elle crée un centre d’archivage à Penthaz, s’approprie les collections de Zoom, le centre de documentation cinématographique zurichois et débute la numérisation et la restauration de films suisses. Enfin en 2009, après l’historien du cinéma Hervé Dumont, Frédéric Maire reprend les rênes de la Cinémathèque suisse et lui redonne un coup de jeune, grâce à son expérience de cinq ans en tant que directeur artistique du Festival de Locarno. Aujourd’hui, la Cinémathèque suisse est l’institution cinématographique de référence en Suisse. Ses rôles sont multiples et visent à faire découvrir, à conserver, à restaurer et à offrir aux consultants la base la plus complète de documents cinématographiques suisses, mais aussi mondiaux.

De là où je suis vol. 02

Posté dans : Au quartier 1

Hall principal, Gare de Lausanne / 26.10.2010 / 08h16 Trop souvent mon regard s’est arrêté sur les machines à tickets, sur le tableau aux chiffres infinis, sur la foule qui s’entrecroise, sur les couleurs vives et trompeuses des affiches murales, sur le flouté des silhouettes, sur le sol usé par tant de semelles anonymes, sur les lueurs électriques et leurs reflets maladifs. Trop souvent j’ai baissé la tête, me contentant de ce spectacle sans saveur, de cette danse que je croyais obligatoire. Traverser la rue, éviter les monstres vrombissant, pénétrer dans l’antre terrifiant, dans la gueule du loup,  choisir une file au rapport attente/patience satisfaisant, repérer son parcours chronométré sur le grand tableau bleu, tapoter les touches virtuelles, insérer son argent d’un geste feignant la maîtrise de soi, ramasser ce qui nous est dû (un bout de papier rose et quelques ronds de métal). Et enfin, après avoir eu la tête plongée dans tant d’absurdités, la relever pour retourner dans la foule étouffante, bruyante, abrutissante.

De là où je suis

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Route de Bel-Air / 20.10.2010 / 16h56   Dix mètres plus haut, Bel-Air grouille. Dix mètres plus bas, le Flon s’éveille doucement. L’air est frais, mais le froid est encore aux portes de la ville, n’osant s’aventurer plus loin. Le vent léger fait vriller les jupes tardives, rares rescapées des chaleurs estivales. Les nuages semblent s’être arrêtés, s’apprêtant à contempler la frénésie qui bientôt animera les rues. Les voitures vrombissent et ralentissent, formant un ballet incessant de bruits et de gaz. Fidèles à eux-mêmes, les oiseaux planent et virevoltent, toujours en quête de quelque nourriture laissée là sur le sol. Il est bientôt dix-sept heures et les bureaux commencent à déverser leurs flots de travailleurs pressés de rentrer ou, pour certains, de s’amuser. Et ainsi, comme une vague sans fin, ils arrivent.

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