Américaine, sur diplômée et pas d’activité

Posté dans : Société 3
L'enfer des papiers pour travailler quand on vient de l'étranger.

Je ne m’accroche pas trop à l’idée que les étrangers viennent piquer le taf des braves suisses. Jeune diplômée, j’ai suivi mon mari, le veinard, muté en Suisse du jour au lendemain, et croyait naïvement que moi aussi, je pourrais trouver un boulot de rêve en un coup de bâton magique. Pour les américaines comme moi, épouses à la traîne de leurs maris souvent cadres, trouver un travail en Suisse (ne parlons même pas de faire carrière) relève plutôt du parcours de combattante que du salon de recrutement. Il m’a fallu six mois de recherches avant une première embauche, et trois ans pour trouver le boulot tant convoité à la hauteur de mes diplômes. Un tour de ‘copines’ me confirme que je suis loin d’être la seule des “Epouses étrangers de” à la perpétuelle recherche d’un vrai travail.  

Pourtant loin d’être dans la clandestinité, nous avons aussi nos histoires de papiers. Une avec permis B, ou pire encore, frontalière, il faut montrer patte blanche lors de toute démarche pour un travail. Alors qu’on aurait beau avoir le niveau de formation et compétences linguistiques requises, souvent le problème réside dans la non volonté des employeurs de demander un permis et le rattachement au service AVS, ce que soi-disant prendrait trop de temps pour une embauche rapide. La meilleure astuce pour une frontalière ? Prendre n’importe quel poste, même avec une maîtrise universitaire, pour décrocher le sésame : un permis G. Une copine hyper-diplomee en a fait l’essai. Les portes s’ouvraient à elle, comme par magie, une fois que les gentilles fées des RH de chez Zara lui ont fait la demande de permis. Cependant, tous les permis ne sont pas égaux. Avoir un permis B ‘mais donné a une américaine’ génère trop de difficultés au niveau comptabilité alors que l’obtenir car ressortissant de l’UE passe comme une lettre a la poste. Selon les dires, toute autre nationalité que celles de l’UE, même avec le permis en main, provoque un afflux soudain de davantage de papiers administratifs à remplir. Une copine, épouse d’onusien, se verrait refuser de travail car les employeurs pourraient craindre une autre mutation du mari. On a beau m’expliquer que cela est du ressort du canton (plus compliqué ?) mais l’enjeu reste le même. Les employeurs veulent embaucher avec le minimum de paperasse possible, quelles que soient nos compétences.

Une “première expérience” difficile à obtenir et un transfert de compétences pas toujours reconnu : Les RH prêtent à offrir une chance malgré un maximum de paperasse seraient soit fous ou plus rarement consciencieuses dans leurs approches professionnelles. Dans la majorité des cas ce qui prime c’est d’embaucher au plus vite pour un boulot vraiment pourri. C’est malheureusement par là que toutes nos premières expériences passent. Et le sous-emploi colle à la peau de celui ou celle qui s’y frotte. Une Jennifer chercheuse de formation se voit transformee en assistante juridique à vie. Une autre, ingénieur de formation, n’a jamais eu son diplôme reconnu et travaille maintenant dans une onglerie.

A qui profite le crime ? Aux employeurs, à la Big Business if you will. Nous sommes payées entre 15 et 20 % de moins (basée sur mes connaissances personnelles du milieu), tout en sachant qu’on est prête à tout accepter. Si ce n’est pas le salaire qui est bas alors on nous surcharge de tâches ingrates- heures sup non-rémunérées, cinq patrons pour le même poste…

Résultat, un cv avec une série de boulots pourris par ligne au détriment de vrai poste à valeur ajoutée.

Est-ce la Suisse dont tout le monde rêve, une suisse ou seuls les maris qualifiés sont les bienvenus ? Les épouses dans tout cela ? Je ne voudrais pas entrer dans un autre débat mais il y a de quoi….L’idéal de la famille en suisse. 

Nicole

Nicole

3 Responses

  1. Avatar
    Djibril
    | Répondre

     Mais si Nicole, entrez dans un débat!!!!
    Votre papier est très bon et nous ramène à une réalité plutôt cruelle; vous en êtes réduite à être “épouse de” alors que vous êtes diplômée, compétente qualifiée et désireuse de travailler. Un comble. J’aimerais croire qu’il reste autre chose que des voies de garage ou de travailler comme assistante pour les femmes dans ce pays, et plus vastement, de ce monde…. merci pour votre témoignage personnel, et n’en restez pas là!

  2. Avatar
    Thalie
    | Répondre

    La recherche d’un emploi n’est pas chose aisée et non seulement pour les étrangères.
    Jeune diplômée, très qualifiée et motivée, j’ai aussi dû accepter un job très largement au-dessous de mes qualifications.J’ai entendu, à de multiples reprises, “Vous êtes trop jeune, nous cherchons quelqu’un avec au moins 5 ans d’expérience”. Si l’on n’offre jamais une chance à un(e) jeune, comment aura-t-il (elle) ces années d’expérience???. Faut bien admettre, malheureusement, que la discrimination existe envers les étrangères, mais aussi, de façon assez systématique, envers les femmes et  les jeunes. COURAGE  et persévérance à toutes ces victimes…

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      Anonyme
      | Répondre

      Ma femme est dans le même cas que vous. Nous sommes français et nous avons tout quitté pour mon travail ici à Lausanne, en pensant que ce serait facile pour elle de retrouver du travail puisqu’elle a eu automatiquement un permis B à son entrée en suisse.

      Malheureusement cela fait un an qu’il n’y a rien eu… En france elle n’a jamais eu aucun problème pour trouver un travail alors que notre taux ed chômage est plus de deux fois plus élévé qu’en Suisse ¨!

      Ici elle a dû étendre sa recherche à des secteurs qui a priori ne l’intéresse pas , elle cherche dans quasiment tous les domaines malgré ses diplômes et ne trouve rien…. si la situation se perpétue nous songeront sérieusement à rentrer en France!!!!

      Elle a eu de nombreux entretien ,toujours “positifs” selon l’employeur mais qui n’ont jamais rien donné…
      Difficile de ne pas se décourager dans ces conditions. Vous voyez, même les “voisins”  de la suisse ont eux aussi du mal !

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