Saisir les opportunités offertes par un chantier ou une halle désaffectée pour en faire des espaces de création, voilà le genre de choses que se propose de faire l’association Amaretto, créée en 2020 par deux architectes et un comédien, dont les envies ne sauraient se restreindre au cadre de leurs disciplines respectives. Si pour certaines la culture s’étale, pour Amaretto elle déborde des cases et rassemble les gens !
Amaretto: un nom “clin d’œil”. À l’Italie, terre d’origine des deux fondateurs de l’association, mais aussi à la douceur et à l’intensité de la rencontre, que la liqueur facilite. Les deux “t”, ce sont Antonino Tramparulo et Maurizio Tempesta, qui créent Amaretto en 2020, pour donner une assise concrète et ainsi plus de légitimité à une aspiration qui traverse et dépasse leur pratique d’architectes: créer des espaces. Or créer de l’espace c’est aussi briser des murs, ceux qui peuvent exister entre les disciplines artistiques, entre les corps de métiers qui travaillent sur un même projet, et plus généralement entre les gens. L’association Amaretto est donc l’émanation de deux associés inspirés et inspirants, qui se lient avec Matthias Urban, metteur en scène et comédien, pour donner vie à leurs envies et encourager celles d’autres créateurs et créatrices.

Projet Revelo: du chantier au rayon des beaux livres
Pour Antonino et Maurizio, c’est en effet de la rencontre que les choses intéressantes peuvent naître. En témoigne le premier espace de création offert par Amaretto, celui qui aboutira à la publication de Revelo n°1, Chroniques de chantier, transformation de la gare de Vevey. Les deux associés du bureau Tempesta Tramparulo, réalisant que le chantier qu’ils se sont vu confier peut être un formidable terrain de jeu, s’associent au duo de graphistes d’Eurostandard, Pierrick Brégeon et Clément Rouzaud, pour créer le concept Revelo (concept appelé à donner naissance à diverses réalisations, toujours encadrées par ces quatre directeurs artistiques). Le quatuor invite des photographes, des graphistes, des historien.ne.s de l’art et un artiste plasticien à se joindre à eux pour se laisser inspirer par les lieux, avec en ligne de mire la création d’un essai graphique collectif. Les architectes choisissent leurs compagnons de jeu mais laissent à ceux-ci carte-blanche, animés par la ferme conviction que chacun et chacune possède un regard singulier qui saura éclairer le chantier d’une lumière particulière, et curieux de la découvrir, cette lumière, dans son rayonnement le plus authentique.
Les quatre créateurs du concept donnent une impulsion sans savoir à quoi elle aboutira. Leur confiance sera récompensée puisque Revelo n°1 – un magnifique livre composé de six feuillets réalisés par les différents auteurs et autrices, reliés et enrichis par des anecdotes de chantier – recevra le prix du Plus Beau Livre Suisse 2020 et le prix du jury du Plus Beau Livre du Monde 2021. Pour Antonino cependant, plus que les récompenses, ce qui compte et ce qui restera, c’est l’énergie collective que le projet a générée, et le plaisir que les différent.e.s intervenant.e.s, passionné.e.s par leur discipline, auront partagé grâce à lui.

Espace Amaretto: 600 m 2 et autant de possibilités
En parallèle de ce travail d’édition, qui se prolonge actuellement dans le cadre de Revelo n°2, à paraître dans une année environ, l’association gère l’Espace Amaretto, ancienne halle aux marchandises située dans le quartier de Sébeillon. Découvrant au hasard d’une séance dans le cadre d’un projet architectural avec les CFF que cette surface de 600 m2 allait être transformée en dépôt, Antonino et Maurizio décident de la louer afin d’en préserver l’état brut, sans savoir encore quoi en faire (toujours la confiance). C’est d’ailleurs aussi ce qui les intéresse, ne pas savoir à l’avance, être ouverts aux possibles, et dans le cadre de la démarche architecturale partir des caractéristiques d’un lieu pour lui trouver la meilleure affectation possible. Celle qui avait été surnommée “cathédrale de béton” lors de sa création en 1953 est un immense volume, lumineux, mal isolé: ce qui s’impose est de le consacrer à l’événementiel.
Fidèles à l’idée de favoriser les rencontres et de valoriser les créations de chacun, les deux associés imaginent louer l’espace pour des évènements privés et ainsi pouvoir le mettre à disposition des artistes qui, comme eux, seraient inspiré.e.s par le lieu et y verraient un espace d’expérimentation stimulant. Le Covid a mis à mal la première partie de l’équation, mais cela n’est que partie remise. La culture quant à elle a commencé à faire vibrer le béton de la halle, notamment dans le cadre du festival Les Urbaines en décembre passé.
Finalement, l’Espace Amaretto est situé dans le dernier quartier amené à se développer entre Lausanne et Renens. Cela fait de ce lieu pensé pour accueillir aussi bien les femmes et hommes d’affaires convié.e.s à la soirée de leur entreprise que les artistes évoluant dans des milieux alternatifs une sorte de trait d’union entre les deux villes: les clins d’œil se multiplient sur le chemin de ceux qui, loin de se penser comme des experts omnipotents, aiment à concevoir leur rôle comme celui des urbanistes. Comme eux ils fixent un cadre dans lequel tout reste à faire, et offrent ainsi à d’autres l’opportunité de tout faire (ou presque). Et pas besoin de garantie de succès, pour autant que l’envie et le plaisir animent les élans créateurs, comme l’amaretto relève le tiramisù.
Liens et informations. N’hésitez pas à consulter le site de l’association: https://amaretto.online/. Celui-ci est en cours de construction mais vous y trouverez une page consacrée à Revelo n°1. Amaretto est également présent sur Instagram: @amaretto.association.
Pour réserver l’Espace Amaretto. Les réservations, ouvertes aux entreprises privées, aux institutions publiques et aux acteurs et actrices culturelles, se font généralement à la journée, mais d’autres formats peuvent être imaginés. Adresse: Rue de Genève 97B, 1004 Lausanne. Pour les informations techniques et les réservations: espace@amaretto.online.
Le hasard d’une rencontre. Un endroit un peu intrigant mais pas trop, assez lumineux, spacieux, évoquant un style un peu “industriel”… Avec le Point V nous cherchons la perle rare pour tourner notre clip. Un lieu qui donne un côté citadin à notre chanson. Nous essayons d’imaginer la danseuse, le danseur et le caméraman tournoyer, se rencontrer, s’éloigner, revenir… Une salle de danse? Le miroir révélerait la caméra… Il y a un beau soleil d’hiver. En quête d’inspiration le caméraman et moi décidons de sortir pour faire le tour du quartier. Nos pas nous mènent aux anciennes halles CFF de Sébeillon. Qui sait, ces vieux hangars recèlent peut-être des choses insoupçonnées? Nous marchons sur une coursive qui longe l’immense bâtiment, passons devant le Jump Spot, des salles de swing. Puis nous découvrons, à travers de grandes baies vitrées, ce splendide espace de plusieurs centaines de mètres carré. La lumière et le béton clair nous sautent aux yeux. Personne en vue… Personne? Si, une femme, seule dans tout cet espace éblouissant, debout devant une table et un ordinateur, semble être en train de créer quelque chose. Quelques jours plus tard Antonino nous accueille à l’Espace Amaretto et nous en explique le fonctionnement. Pendant qu’il parle, nos regards se posent sur le trompe-l’œil du mur du fond réalisé par l’artiste Olivier Lovey, sur les anciens marquages au sol jaunes un peu effacés, sur les trois bons vieux fauteuils rouges de cinéma, tout droit importés du Capitole. Ça y est: un matin de janvier, le caméraman, la danseuse et le danseur projettent leurs ombres en mouvement sur le sol illuminé. Les nuances de gris se mélangent aux turquoises de leurs chemises. L’Espace Amaretto vibre au son de nos voix et au contact d’un trio de corps dansant. Et nous vibrons avec lui. Pour voir le clip : https://youtu.be/uwjCQjYdN9A.
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