Abercrombie & Fichtre

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[04.10.09] La tendance vestimentaire du jeune de 2009 semble être à la neutralité. A la découverte vitriolée du gang des "riens".

Depuis la nuit des temps (environ 1940), le jeune rivalise d’ingéniosité et d’imagination (au demeurant parfois bien merdique) pour se démarquer vestimentairement du vieux qui l’emmerde avec des concepts ennuyeux comme se coucher tôt, travailler et essayer d’avoir une vie saine pour vivre encore plus vieux et se coucher encore plus tôt et blah blah blah… Ainsi, pléthore de groupuscules vestimentaires se sont succédés à travers les âges dans un ordre que je m’apprête à vous servir de manière tout à fait approximative et sans me vouloir aucunement exhaustif. Donc, sans faire rentrer en ligne de compte les signes politiques ostentatoires, qui, eux, datent de perpette-les-oligo-éléments, je dirais qu’on a commencé dans les 40’s avec les zazous, puis qu’on a enchaîné, après guerre, avec les hippies et les discoboyz’n’galz, pour finir, à une époque plus contemporaine, avec les loubards à blouson, les punks, les hip-hoppers (dont les yos ne sont qu’une obscure sous-branche), les skaters, les goths, les émos, les rutilants tecktonik (quand je vous parlais de merdique…), ou encore les “rock anglais”. Oui, je dis “pour finir”, car cette époque est bel et bien terminée ou pour le moins en stand-by, mes amis les gens. En effet, l’année 2009 présente: les “RIENS”. 

C’est en exerçant cet été le merveilleux job de surveillant d’examens, ou pion, lors des épreuves finales de maturité fédérale privée, que je découvre cette nouvelle famille dominante dans le monde des gymnasiens. Malgré mon métier très prenant, consistant à observer des jeunes de 17-18 ans gribouiller des heures durant sur des feuilles quadrillées, j’apprends très vite la règle prédominante des Riens: ben y’a rien, quoi. Que dalle. Là où quasi tous les groupes vestimentaires d’après-guerre étaient liés plus ou moins étroitement à un courant musical (et même les zazous carburaient au Swing), les Riens ont l’air d’écouter tout. “T’écoutes quoi?”, “Tout :-)”, “Connard.”, “Comment?”, “Nan, je disais “bonnard” d’écouter “tout” comme ça, hinhinhin…” Là où ceux qui n’ont rien à foutre de toute forme de mode, de style ou d’appartenance physique, également appelés “Gens de l’EPFL” (just kidding, folks), ont eux-même créé un groupe inconsciemment dissident, les Riens se posent quant à eux en terrain neutre. Le Rien présente bien. Le Rien est discret. Le Rien ne dérange personne. Il est poli jusqu’à en devenir lisse. Il fait plaisir à maman. A 18 ans, il a déjà pleinement emmagasiné les codes qui lui ouvriront les portes d’un succès social assuré dans un monde où il plaira au plus grand nombre, et surtout aux braves gens, qui n’aiment pas que.

Niveau vestimentaire, le Rien n’a qu’un Dieu (ou deux?): Abercrombie & Fitch. Des couleurs passe-partout pour des coupes de fringues d’une banalité à faire peur, la marque a révolutionné le monde du design en inventant “broder les lettres sur les T-Shirts”. On comprend tout de suite le succès planétaire de la franchise. Les logos? Toujours une date, un écusson ou un accessoire de sport rappelant l’importance prépondérante de la performance physique dans la vie d’un/e businessman/woman à succès. T’as DIX-HUIT ANS, putain! Fais voir un peu péter, quoi! Intéresse-toi à des trucs, prends des chemins inconnus, trouve-toi une passion bizarre, drogue des gamines de 13 ans et fais-toi arrêter à Zürich, je sais pas moi… Fais tout ce que tu veux sachant que tu as encore cinq à sept ans avant d’être obligé de te rapprocher de ce que tu sembles déjà être.

Alors je suis conscient de ce que je dis, hein… Ce petit condensé de clichés haineux que je viens de servir sur des pauvres loulous que je ne connais absolument pas et que je ne juge que par l’apparence fait de moi le petit fasciste du jour, et il est clair que le profil que je tire n’est sûrement qu’un reflet de mon esprit dérangé à la vue des gens trop bright. Mais un constat demeure: c’est ma sixième rentrée universitaire, mais la première où le stéréotype d’une Uni aseptisée remplie de gens beaux et biens sous tous rapports, en d’autres termes assez chiants, me semble être devenu réalité. Et moi j’aime pas.

Yann Marguet

Yann

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