L’idée est restée longtemps dans sa tête. Puis, suite à la conférence de presse du Conseil fédéral du 24 février 2021, Marine Gasser s’est dit «c’est le moment». Début mars, elle met tout en place. S’enchaînent dix tournages en trois jours, le montage, les retouches photos, la création du site et du compte Instagram, etc. Le 29 mars, «Une bouffée d’art» apparaît en ligne. «Il fallait le faire là».

Donner une autre image de la pandémie
Marine, au début de sa vie professionnelle, a travaillé dans le milieu social et les soins. Son projet, qui réunit dix restaurants et dix artistes le temps d’une performance filmée, n’est en rien une contestation des mesures de restrictions actuelles pour lutter contre le Covid-19. Il n’a pas non plus totalement à voir avec son emploi actuel, chargée de projet pour l’association Lausanne à Table. «De par mon travail, je suis sensible au milieu de la restauration, mais j’avais envie de concrétiser mon idée de mon côté. Ça me donnait la liberté de faire tous les choix.»
Voir les salles vides des restaurants, les chaises retournées, savoir les lieux d’art si muets; tout ceci résonne à l’intérieur de la Lausannoise. Au silence de ces lieux de vie s’ajoute le bruit sourd des statistiques des contaminations et des décès, le métronome du taux de reproduction, le rythme lent des vaccinations. Un immobilisme oppressant pour Marine. «J’ai eu envie de marquer la période que l’on vit avec d’autres images.»
Elle entreprend donc de trouver des restaurants représentatifs de Lausanne d’accord de lui ouvrir leurs portes. Elle contacte également des artistes lausannois, tous milieux culturels confondus. Retient dix duos. «Artistes et restaurateurs m’ont dit oui sans savoir où ils allaient.» Pour mener à bien son entreprise, Marine peut compter sur l’aide précieuse du vidéaste, Alexandre Mottier d’Intuifilm, et du photographe Carlo De Rosa. Tous acceptent de donner de leur temps bénévolement.

10 vidéos pour sublimer l’absence
Dans ces salles depuis des mois abandonnées, un frôlement. Peut-être le bruissement d’une robe, celui d’un feutre sur une toile. Entre les tables et les chaises entreposées – pardon pour le désordre – musiciens, danseuses, chanteurs, plasticiens performent. Quelques accords de guitares électriques secouent l’espace. «Entre les fleurs sauvages, regardez-moi danser», chante Aurélia Ansermet à La Couronne d’Or. «Enivrez-vous sans trêve. Mais de quoi? De vin, de poésie ou de vertu à votre guise, mais enivrez-vous», déclame Carine Barbey à la Pinte Besson.
«Les artistes avaient le trac. Les restaurateurs étaient un peu étonnés. Ils ont aussi été pris dans l’émotion. C’était très touchant», confie Marine. «J’espère que ces images vont rester dans le futur. Qu’on puisse se dire que quand on mettait de l’art dans ces lieux vides cela devenait plus beau.»
Depuis que les dix vidéos d’«Une bouffée d’art» sont accessibles en ligne, l’équipe a reçu de nombreux retours positifs. «C’est mon premier projet de A à Z, c’est très intéressant de voir que à un moment cela ne nous appartient plus.»
Lundi, la vie culturelle se décloisonnera un peu. S’assoir en terrasse pour un café ou une bière sera à nouveau possible. Prendre une bouffée d’art vivant sans l’intermédiaire d’un écran autorisé. Le projet fédérateur de Marine nous en donne désormais un avant-goût plus que la nostalgie.
.Pour voir les dix performances rendez-vous sur:
> Le site
> Le compte Instagram
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