« L’heure est venue de faire bouger les mentalités. »

« L’heure est venue de faire bouger les mentalités. »

Posté dans : Société 1
Alors que dans plus de 80 pays dans le monde l'homosexualité est toujours passible de mort ou d'emprisonnement, nous avons la chance en Suisse, et plus particulièrement à Lausanne, d'avoir des jeunes, âgés entre 15 et 23 ans, qui s'investissent et mènent le combat contre l'homophobie.

Du 6 au 17 mars se déroule au forum de l’hôtel de ville de Lausanne une exposition nommée « Jeunes VS homophobie », organisée par le Conseil des jeunes de Lausanne. Le projet de ces jeunes ne s’arrête pas à cette exposition, ils tentent aussi d’introduire la question de l’homophobie dans les règlements intérieurs des établissements secondaires lausannois. Je conseille vivement une petite sortie culturelle dans les jours qui viennent, afin de jeter un coup d’oeil à cette exposition accessible à tout le monde, pas trop longue, et qui pousse à la reflexion. Vous pourrez y voir dans un premier temps l’histoire de l’homosexualité, ce qui est intéressant car finalement, ce qui change, c’est le regard extérieur. Vous y trouverez un chapitre sur les religions et l’homosexualité, et pour finir, une partie de l’exposition porte sur les sources et les risques de l’homophobie avec cinq courts-métrages réalisés par l’INPES (Institut National de Prévention et d’Education pour la Santé) pour la prévention de l’homophobie. Rencontre avec l’un des initiateurs de ce projet, étonnant militant de 15 ans, Monsieur Haidar Hussain :

LBB : Pouvez-vous nous présenter cette exposition en quelques mots?

Haidar Hussain : C’est tout simplement une exposition des jeunes pour les jeunes.

LBB : Pourquoi et d’où vous est venue l’idée de parler de l’homophobie et d’en faire un lien avec les jeunes?

H.H. : Nous avons remarqué que l’homophobie est très présente dans les écoles, et donc c’est un thème dont on ne parle pas assez et qui est très important à aborder. En ce qui me concerne, je n’ai jamais entendu parler de ce thème durant ma scolarité contrairement à la prévention de l’environnement par exemple.

LBB : Quel est le message que vous tenez à faire passer à travers cette exposition?

H.H. : On est parti de l’idée que l’homophobie trouve ses sources dans l’ignorance et, à travers cette exposition, on a voulu donner de l’information pour faire tomber les préjugés et pour faire passer le message suivant : L’homosexualité n’est ni une maladie, ni un choix, nous devons accepter les personnes homosexuelles telles qu’elles sont et le « coming out » ne devrait rien changer à la vision qu’on a d’une personne.

LBB : C’est la première exposition que vous organisez, comment cela s’est-il passé?

H.H. : C’est effectivement la première exposition que nous organisons. Quand l’idée nous est venue, personne ne savait dans quoi on se lançait, aucun de nous n’avait d’expérience dans ce domaine. Mais malgré les difficultés, notre détermination et notre forte conviction nous ont permis de faire de ce projet une réussite. Aujourd’hui, nous sommes fiers de voir le chemin que nous avons parcouru. Ça a été une expérience super enrichissante.

LBB : Quelles sont les associations qui ont participé à la mise en place de cette exposition?

H.H. : Nous ne sommes rattachés à aucune association ou organisation, nous sommes donc indépendants et libres, ce qui a été notre richesse car les portes s’ouvraient plus facilement. En fait le Conseil des jeunes de Lausanne a été créé à la fin de l’année 2010. A l’occasion de l’inauguration, j’ai fait un discours sur l’homophobie qui a suscité beaucoup de réaction et suite à ça, la « Commission homophobie » a été créée. Depuis, nous avons travaillé sur 3 axes : Premièrement, il y a eu le projet de l’exposition, ce qui nous a demandé le plus de travail, puis on a commandé un spectacle interactif  à la troupe de théâtre « Caméléon » qu’on a présenté à différentes classes d’école secondaires. Pour finir, nous avons milité pour l’introduction de la question de l’homophobie dans les règlements intérieurs des établissements secondaires lausannois sous la forme d’un paragraphe : Les élèves s’abstiennent de tout acte de violence physique, verbale ou psychologique à caractère raciste, sexiste, homophobe ou se rapportant à l’apparence physique, à l’identité de genre, à l’appartenance sociale, religieuse, ethnique ou à tout autre critère. Ce paragraphe sera intégré dans tous les établissements scolaires secondaires à la fin de l’année 2012, ce qui est une grande victoire pour nous, d’autant plus que ce projet risque d’être reporté à une plus grande échelle, au niveau cantonale.

LBB : Quelque chose à ajouter?

H.H. : Je pense qu’il est primordial de faire un travail de prévention principalement dans les milieux scolaires car encore aujourd’hui, les conséquences de cette discrimination peuvent être dramatiques, et peuvent mener au suicide (en Suisse romande, 1 jeune homosexuel sur 4 fait une tentative de suicide). Je crois que l’heure est venue de faire bouger les mentalités.

 

  1. Avatar
    Andrea
    | Répondre

    Je suis comme enseignante très sensible à ce sujet. Au moment où les jeunes gens ou jeunes filles s’éveillent à la sexualité, les jeunes homosexuels/elles doivent se sentir très seul(e)s dans un monde qui ne considère que l’hétérosexualité.
    C’est un sujet complètement tabou dans les écoles et cela laisse toute la place à l’homophobie.
    Bravo pour cet engagement
    Andrea.

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