VRP UDC

Posté dans : Politique 9
Au s'cours Freysinger s'évade de Suisse et s'offre à la planète ébahie. Chronique d'un succès annoncé.

Ça y’est, les gars ! Trop beau, putain ! Il est là, sous mes yeux, rutilant comme la patek à grand-papa, sapé comme au baptême du p’tit Berclaz, à débiter sans vaseline la pensée helvétique à la France entière. C’est pas trop tôt, bordel ! Depuis le temps qu’on l’attendait, le voilà enfin à la télé française, mon Oskar, tout en goguette et en minauderie, plus bankable que jamais, assénant ses ricti à une fréquence de tir propre à faire fondre le FAS90 de Guillaume Tell. Raaah ça fait du bien, goddamit ! Depuis le temps qu’ils nous font chier, ces Frouziens de mes balloches, à nous considérer comme les bouseux de la francophonie, alimentant notre complexe d’infériorité à coup de « p’tits Suisses » et de « ah, vous avez ça aussi chez vous? », comme si on habitait au Surinam. Enfin, ils vont comprendre comment ça marche chez nous. Comment qu’on cause, comment qu’on se chauffe. Comment qu’on veut et comment qu’on peut, quand on veut. Oh ça, ils vont le savoir, maintenant comment qu’ils sont, les Suisses… Car mieux qu’un président que personne sait plus qui c’est un mois après son élection, mieux qu’une vache mauve et blanche, mieux qu’un petit fasciste en costard avec un gyrophare sur la tronche, la Suisse a enfin un VRP digne de ce grade : Oskar Freysinger. Mais le public mondial est-il vraiment prêt pour le Chanteur Libre? Voici quelques arguments en sa faveur.

Oskar est beau. Nan, mais pas beau, BEAU, j’entends, on est bien d’accord… Disons: on peut réussir à nous faire croire qu’il est beau. Le monde entier a bien gobé que feu Jorg Haider était un top-modèle alors que c’était le croisement entre Sacha Distel et un chat sphynx. Alors Oskar, avec son joli catogan, son sourire de concessionnaire Volvo et sa silhouette de gondolier, y’a bien une tranche significative des mémères d’Europe en mal d’opérations “renard du désert” qui va vouloir en faire son goûter. Et de toute façon, ceux qui pencheront plutôt pour son côté “Thénardier” le trouveront tellement repoussant qu’ils adoreront le haïr autant que les rombières cannoises, honteuses, détesteront l’aimer. Là où Yvan Perrin, dix de retrouvés, Oskar, lui, a une gueule Barbara Gould: une gueule qu’on oublie pas.

Oskar est drôle. Enfin, il est drôle pour la rangée de sièges à droite d’Esther Mamarbachi sur le plateau d’Infrarouge. Pour le reste du monde il est plutôt “rigolo”. Pour ses sympathisants hors rangée sus citée (ceux-ci, on les appellera plutôt son crew ou son posse), il est rigolo parce qu’il fait des vannes un tantinet osées auxquelles ils adhèrent en secret. Des vannes sur la race, des vannes sur la religion, des vannes “féministes”, des vannes sur la gauche, des vannes sur le rap, des vannes à demi-voix, des vannes en riant, des vannes en boudant… Des p’tites surprises qui font se sentir, ma foi, moins déviant et qu’on ponctue volontiers d’un “N’empêche que…” devant les télés de quelques chaumières helvétiques (47% selon les sondeurs). Quant aux autres, ils l’avoueront avec peine, mais ils l’aiment aussi, son côté rigolo… Ça les fout hors d’eux, mais putain, y’a de l’ambiance, avec Freysi! On s’énervera, on le traitera de tous les noms, on lui dira qu’il a rien compris, mais en ressortant d’une bibine au Boulevard avec Oskar, on se sera bien marré et c’est ce qu’on aime, finalement…

Et puis Oskar est éloquent. Il a les chiffres. IL A LES CHIFFRES, LÀ, SOUS LES YEUX! Les lettres, il les a un peu moins,  parfois, malheureusement… Mais il faut avouer qu’il est bon, merde. Il cible les possibles, le public déjà acquis et les potentiels nouveaux clients, et les perd dans un maelström d’arguments choc, certes critiquables et hors-contexte selon certains (53% selon les sondeurs), mais diablement bien orchestrés pour fragiliser le chaland. “N’empêche que…”, dit Monsieur à Madame devant le poste… Reste plus qu’à sortir les chiffres et c’est marre: l’affaire est dans le sac. Nan, sérieux: Oskar, tu peux pas test.

Enfin, on rigole, on rigole, mais derrière ces quelques traits d’ironie (Si si! Amuse-toi à les retrouver dans ce texte), Oskar passe surtout très bien à l’écran. Qu’on l’aime ou qu’on le déteste, il fait son beurre et, grâce à sa nouvelle surexpostition médiatique due aux récents événements (surexposition à laquelle je participe allégrement en rédigeant cette ode à sa personne, j’en conviens), il commence à faire son beurre hors de nos frontières. Il y parle de son peuple souverain, de la liberté de penser de son peuple, de la tradition démocratique de son peuple, de son peuple qui est le dernier à ne pas se laisser bouffer par les musulmans qui “enrubannent leurs bonnes femmes” (Oskar est féministe). Il y chie sur les Droits de l’Homme en notre nom à tous. Il y trouve scandaleux de revoir une décision qui a été votée par son peuple alors qu’elle va à l’encontre de principes qui ont été votés par le mien. Et aux soirées de cet Ambassadeur, pas de Ferrero Rocher, mais une soupe à la grimace remplie de nouveaux clichés sur la Suisse, offerte à un monde qui nous connaît si peu et qui n’a jamais rechigné sur les raccourcis faciles. Rappelons-nous de notre propre attitude envers les Autrichiens lorsque le sus nommé Haider a pris du grade ou lorsque Jean-Marie a chatouillé la présidence de la République… On se marrait bien autrefois, les copains. Mais on fait quoi maintenant, avec notre VRP UDC?

Yann Marguet

Yann Marguet

9 Responses

  1. Avatar
    Marie-Eve
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     Franchement, en effet, on se le demande!…

    • Avatar
      monmon
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      Il nous faudrait un Vert-P…

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    Samuel Dixneuf
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  3. Avatar
    ilogeek
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    Les chiffres, tu les as toujours sous le yeux, Oskar! Mais, comment tu fais? T’es mathémagicien?!

  4. Avatar
    merinos
    | Répondre

    c’est également un bon client pour les Bonffons:
    http://www.latele.ch/content/les-bouffons-de-la-conf%C3%A9d%C3%A9ration-47

  5. Avatar
    Anonyme
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     Qu’est ce qu’on va faire de Freysinger?  Mais tu n’a rien à faire de lui.  Et c’est qui ce on d’ailleurs? Est-ce le “on” bourgeois et complaisant dont le grand-papounet a une Patek?  
    La seule chose que tu as à faire c’est de voter sur ces idées.  Je le trouve profondément débile et grotesque mais je ne lui souhaite pour rien au monde de fermer sa gueule et surtout pas pour rentrer dans la complaisance de l’esprit de village qui se dégage de ton article.  T’aurais dû à la limite terminer ton article par l’inviter à bouffer une fondue avec ton grand-papounet et tes copains.  Vous auriez trempé vous fourchettes dans la même masse et partagé vos salives ainsi que le même état de lourdeur baigné d’ivresse et de torpeur.  Allez Yann! un peu de courage dans tes idées ou des idées courageuses tout court!  Sors de la convenance!  

     

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