Un livre pour briser le tabou de la violence domestique

Un livre pour briser le tabou de la violence domestique

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Le cinéma CityClub à Pully accueillait mercredi 14 mai dernier une soirée vernissage du livre "Violence domestique. Prise en charge et prévention", de Marie-Claude Hofner et Nataly Viens Python. Une soirée dédiée à cette forme de violence sournoise et silencieuse en compagnie des auteures et des différents acteurs du milieu de la lutte et de la prévention.

La violence domestique est une forme de violence qui existe depuis des lustres. Ses victimes se murent bien souvent dans un silence lourd à porter, partagées entre un sentiment de honte, de gêne, et une envie étouffée de parler, d’aller chercher de l’aide. Le tabou sociétal qui entoure cette violence est tel que pendant longtemps, les victimes – des femmes, des enfants mais aussi des hommes – n’ont eu d’autres choix que de fermer les poings, serrer les dents et subir.

Marie-Claude Hofner, Nataly Viens Python et Isabelle Moncada
Marie-Claude Hofner, Nataly Viens Python et Isabelle Moncada

Le livre de Marie-Claude Hofner et Nataly Viens Python (que vous pouvez commander en cliquant ici) témoigne de la volonté de briser ce tabou et retrace ainsi 15 années de lutte contre la violence domestique. Pionnières dans le domaine, les deux auteures ont mis sur pied le programme “C’est assez” en 2000, et leur détermination a mené à la création de l’Unité de médecine des violences (UMV) du Centre universitaire romand de médecine légale (CURML) en 2006. L’ouvrage retrace ainsi l’historique de la mise en place de ce réseau de soins, qui regroupe des médecins, du personnel infirmier, des travailleurs sociaux, des policiers ou encore des politiciens.

La soirée de vernissage s’est déroulée en plusieurs temps. Après le mot de bienvenue et d’ouverture d’Isabelle Moncada, journaliste à la RTS, des interventions de divers acteurs présents aux premiers balbutiements de la mise en place du réseau de soins ont permis aux nombreux auditeurs d’en apprendre davantage et de se rendre compte de la difficulté de faire de la violence domestique une problématique de santé publique. L’occasion également de réaliser à quel point, il y a encore peu de temps, le personnel médical des urgences du CHUV était terriblement mal préparé à la prise en charge de victimes de violences : peur de poser des questions indiscrètes, crainte d’entrer dans la sphère privée des patients, des exemples parmi tant d’autres obstacles à la prévention et à la prise en charge de ces victimes.

Discussion autour du court-métrage
Discussion autour du court-métrage

Dans un deuxième temps, le film “Avant que de tout perdre” de Xavier Legrand a été projeté. César du meilleur court-métrage 2014, le film met en scène une mère de deux enfants qui prend la décision de partir loin de son mari violent, et qui bénéficie du soutien de ses collègues de travail pour organiser sa fuite. Bouleversante, la tension – et la détresse – qui se dégagent du film sont extrêmes, proches de l’insoutenable, et se ressentent bien après la fin de la projection, comme pour illustrer de façon magistrale le malaise sociétal qui persiste face au problème de la violence domestique. D’autres interventions de personnes actives dans le réseau aujourd’hui ont suivi, tout le monde a pu reprendre peu à peu ses esprits pour engager un débat final avec les deux auteures autour de cette problématique épineuse.

Si la mise en place de ce réseau a permis de mettre en lumière une réalité encore en partie dans l’ombre et de s’y attaquer, la violence domestique a toujours autant d’effets ravageurs. En Suisse, deux femmes par mois en meurent. L’ouvrage de Marie-Claude Hofner et Nataly Viens Python est là pour le rappeler et pour tenter de rendre sensible tout citoyen à ce fléau de santé publique, qui devrait être envisagé et pris à bras le corps au même titre que les problèmes d’alcoolisme ou de prévention du VIH.

 

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