Pour être un parfait étudiant, tu seras militant!

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A l'Université, il n'est pas rare de se faire accoster par un jeune militant, prêt à tout pour vous soutirer vos précieux deniers en faveur de telle ou telle ONG. D’autres se lancent même activement dans la vie associative. Vrai engagement de la part de ces jeunes femmes et hommes, ou simple embellissement du CV ? Pierre a mené l'enquête.

Difficile d’ y échapper, les murs de l’Université en sont jonchés. De la Faculté des Lettres à celle des Géosciences, en passant par les Sciences Sociales, les appels à l’engagement étudiant dans des associations pullulent. Un phénomène qui n’est pas nouveau certes, mais qui souligne étrangement le fait que pour être “un vrai” étudiant, il faut être militant. Interrogés sur la question, certains revendiquent même leur engagement dans le sillage de mai 68. C’est clair, sous les pavés de Dorigny, la plage! A y regarder de plus près, le militantisme étudiant est une faculté à part entière et l’Université, une usine formatrice pour les bobos de demain. Fort de ce constat somme toute très subjectif, peut-on toujours croire à l’engagement étudiant? Sceptique sur la question, je mène l’enquête et brave les odeurs de patchouli ainsi que les sacoches en cuirs pour aller à la rencontre de l’une de ces fameuses militantes.

Sandra Lengwiler, étudiante en sciences politiques à l’Université de Lausanne, a décidé de remettre sur pied la section vaudoise de la Ligue suisse des Droits de l’Homme, quelque peu laissée à l’abandon. Ici, pas de discours post-soixantuitard, tout droit sorti du cours d’histoire du lundi matin. Me voilà soudainement intéressé. Hormis son intérêt personnel pour la cause des Droits de l’Homme, Sandra estime que l’engagement dans une association est une porte de sortie comme une autre vers le monde du travail: « Je suis aussi très contente de pouvoir acquérir cette expérience qui m’aidera pour mon futur professionnel. Avouons-le, la mention de ce projet dans mon CV ne me sera que profitable ». Voilà qui me rassure !

L’idée est bonne, faut-il encore développer l’assoc. « Je pensais qu’il allait surtout être difficile de trouver des gens compétents, avec une certaine expérience, qui seraient prêts à nous aider à mener l’association et ses causes », me dit-elle. En effet, qui serait prêt à accompagner des débutantes sorties de l’Université dans toutes leurs démarches ? « On a pris contact avec la section genevoise de la Ligue, et avec d’autres associations, comme SOS Racisme. Toutes ces personnes nous ont beaucoup aidées : comment gérer notre association, la développer. On a aussi obtenu une série de nouveaux contacts qui nous sera très utile pour la suite des événements ». Ça a l’air finalement sérieux cette affaire.

En fin de compte, trop d’associations ne tuent-elles pas les associations? « Il y a beaucoup d’organisations qui traitent des Droits de l’Homme, répond Sandra. C’est pour ça qu’on se focalise sur un projet précis : la visite des prisons ». Elle m’explique qu’il existe encore beaucoup de cas de racisme ou d’erreurs judiciaires, et qu’elle souhaite venir en aide aux condamnés victimes de ces abus. Pour le sceptique que je suis, je dois avouer que son discours fait mouche. Le projet semble être concret, et ses ambitions paraissent réalistes. Car en fin de compte, c’est bien ce qui manque généralement, lorsqu’on vous demande de cotiser, participer, vous saigner aux quatre veines pour une organisation. Oui, vous allez aider à retarder le réchauffement climatique, sauver les trois animaux restant d’une espèce, permettre à plein d’enfants africains d’aller à l’école, mais définitivement, tout cela reste très abstrait, peu signifiant, trop éloigné de notre quotidien pour se sentir réellement concerné.

Le projet de la section vaudoise de la Ligue Suisse des Droits de l’Homme, lui, m’interpelle plus que la protection des bébés phoques. Je n’ai pourtant pas de proche qui tire actuellement sa peine en prison. Mais après cette petite investigation, je me dis que finalement, ces affiches sur les murs de l’Université ne proviennent pas toutes d’étudiants pour qui s’engager rime avec pavés. 

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Pierre Hecketsweiler

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