Montreux Jazz, un 15 juillet : Lykke Li et RY X

Montreux Jazz, un 15 juillet : Lykke Li et RY X

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Chaque année, il y a de quoi faire au Montreux Jazz Festival. Lors de cette 48ème édition, nous nous sommes notamment attardés sur la soirée du 15 juillet au LAB. A l'affiche, Lykke Li et RY X.

On va se passer des poncifs sur le festival montreusien. Légendaire, il attire les musicophiles depuis des décennies, bientôt un demi-siècle. La programmation, de moins en moins jazz, offre chaque années des têtes d’affiches alléchantes et des pépites, au festival off également. Question ambiance, on est bien loin de la masse populaire qui envahit la Plaine de l’Asse plus tard dans le mois de juillet. Évidemment, la démarche n’est pas la même, vu le prix des entrées. Le Montreux Jazz Festival fait sa force et sa renommée dans la qualité de ses concerts. Le dispositif mis en place, que ce soit l’infrastructure son, les écrans géants qui diffusent in situ le concert filmé sous différents angles, ou l’accueil des festivaliers, rendent l’expérience plutôt intense, voir mémorable.

Au MJF, on peut venir en talons
Au MJF, on peut venir en talons

Pour ses visiteurs, l’événement est l’occasion de sortir son attirail de Beautiful People. Au off ou lors des concerts payants, on se pimpe. Pour être à la hauteur du paysage qu’offrent les quais de Montreux, peut-être? Alors, oui, on peut aller au MJF pour se montrer, mais le coût des places est un élément indissociable de la participation aux concerts. Ainsi donc, à l’entrée a déjà lieu une sélection : Seuls les convaincus mettront la main au porte-monnaie. Ce critère-là induit généralement une audience attentive, respectueuse au moins. La sérendipité, ça se passe plutôt du côté de la programmation gratuite.

Au menu du 15 juillet, RY X ouvre l’appétit du public pour Lykke Li. Le show a lieu au Lab, un espace créé lors de la reconfiguration du festival, l’année précédente. La salle est moins intimiste que le Miles Davis Hall, mais RY X accompagné d’un seul musicien fait pondre un sentiment de cocooning. En jupe (?) jaune soleil, bonnet et barbe d’environ sept jours, l’australien ressemble à s’y méprendre à l’archétype du hipster. Sa voix feutrée fait oublier le daim râpé de ses clarks. Une prestation impeccable, à faire se pâmer les jeunes filles en fleur. Une BO parfaite pour un roadtrip solitaire blessé. Actif depuis 2010, RY X, officiellement Ry Cummings, a sorti une quinzaine de titres. Cet été, il est à l’affiche de plus de dix festivals, en Europe et en Australie. D’après l’encyclopédie universelle collaborative, il a gagné quelques grades en faisant ses armes lors des premières parties de la tournée australienne des…. Maroon 5.

Lykke Li a son propre réseau wifi
Lykke Li a son propre réseau wifi

Qu’est-ce qui décide les programmateurs du Montreux à inviter un artiste ? Pour la tête d’affiche, Lykke Li, on comprend vite. Trois albums, dont le deuxième qui a atteint le haut des charts – pour peu que cette stat ait encore de la valeur à l’ère pirate. Le titre I Follow Rivers a notamment enflammé les clubs dans sa version remixée, et vos oreilles contaminées reconnaîtront l’air de Gunshot, puisqu’il a été utilisé pour une publicité Peugeot. 2014, I Never Learn, nouvel album, nouvelle tournée pour la suédoise. Cet opus délaisse le dancefloor pour des ballades post-break-up. Lykke Li dans le creux de la vague, sentimentalement, mais pas musicalement. Un album introspectif qui peut dérouter.

Une entrée sur scène sobre et sombre, Lykkorbeau s’exécute séduisante en ouvrant le bal avec le titre initiateur de son dernier album. Sa voix puissante mais sans faux-semblants, efface la présence des cinq musiciens tout de noir vêtus. On se sent bien loin des clubs, même si une énergie fiévreuse remplit la salle. Sadness is a Blessing, No Rest for the Wicked, Jerome se suivent, majestueusement interprétés. En 2007, la suédoise avait écrit Youth Knows No Pain. On ne peut pas décemment croire cet adage à l’écoute de ces morceaux.

Lykke Li - Vue depuis le coin presse
Lykke Li – Vue depuis le coin presse

Do you wanna slow dance or do you wanna slow techno?“. Belle manière d’introduire Little Bit, un des morceaux les plus mouvants de l’artiste, qui a bien évolué depuis sa version studio. Cet hymne dansant est transformé en un cru new wave, grave grâce à une combinaison basse/batterie glaçante. Mélancolie toujours. Après la transition peu authentique entre le hit formaté Gunshot, et la supplication Love Me Like I Am Not Made of Stone, on sent un peu plus de vrai dans Never Gonna Love Again. Même si elle affirme, qu’en réalité, elle n’a pas tenu la promesse qu’elle s’était faite. Guimauve à souhait. On repart dans un morceau dense avec Rich Kid Blues, durant lequel Lykke Li officie en prêtresse noire. On n’évite pas l’incontournable I Follow Rivers, très bien maîtrisé, pas si convenu. Sensuel Youth Knows No Pain. Lykke Li se joue de son public qui veut danser, en partant dans une version techno sur la jeunesse. Ecran de fumée, cris & Get Some. La fin du concert donne lieu à un moment intimiste : une chanson inconnue au bataillon, en suédois. Lumières et reprise d’une bande son à la con. C’est la fin du concert ?! Apparemment, oui, et c’est le seul moment décevant de la soirée. En effet, la performance a de quoi impressionner ; les faux-pas et les facilités ont été évités, en délaissant éventuellement une partie du public qui s’attendait à des rythmes plus entraînants. Les morceaux choisis du répertoire de la chanteuse ont égrené une atmosphère toute en nuances. Lykke Li laisse sa trace.

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