Le coworking

Posté dans : Société 2
Rencontre avec Stephanie Booth créatrice d'un espace de coworking

Mon taxi s’arrête au numéro 11 de la rue Guiguer-de-Prangins, à Lausanne. Je m’engouffre dans l’immeuble de ce quartier paisible où mon interlocutrice Stephanie Booth m’attend. Je passe le perron et entre dans un lieu lumineux ou de jeunes personnes travaillent derrière leur écran. Après les salutations d’usage, je prends place pour commencer mes questions. Inutile que je lui présente notre concept de la « bondyblog connection », elle connaît déjà. Et pour cause ! Ce n’est certainement pas une inconnue pour ceux d’entre vous qui sont un temps soit peu au courant de la blogosphère. Tout est parti pour elle d’un blog.. Aujourd’hui elle est une conseillère renommée en stratégie des nouveaux médias. Il n’est pas rare de lire ses expertises dans la presse. Mais la raison de ma visite est toute autre, je viens pour que Stephanie Booth me parle de sa création d’un espace de coworking appelé l’Eclau. 

Voici une phrase tirée du site Internet qui résume bien le concept : «Le coworking, on pourrait dire que c’est une forme de partage de bureaux, dans un esprit communautaire et collaboratif plutôt que commercial.» Ce concept existe aussi dans les entreprises mais dans un esprit commercial. Par exemple, Orange utilise le coworking dans leurs nouveaux locaux de Renens. En réalité ils le font moins dans l’optique de favoriser la créativité que de flexibiliser leur personnel et également pour utiliser moins de surface et ainsi réduire les charges de loyers. En entreprise, les employés sont contraints et forcés de travailler en coworking. A l’Eclau la démarche est différente puisque les membres sont tous partants.

Il ne faut pas confondre le coworking avec le partage de bureaux traditionnels. Madame Booth m’explique la différence : «Le partage de bureaux traditionnel c’est Paul, Jean et Julie qui décident de se mettre ensemble à quatre et de trouver un endroit et de partager les frais.» Tandis que «Le coworking c’est un espace plus communautaire qui est géré par une ou plusieurs personnes et puis qui attirent ensuite du monde. Donc à l’Eclau, c’est moi qui ai trouvé l’endroit et lancé le truc et puis il y a différentes personnes qui sont là et qui cotisent comme membre et qui utilisent les lieux.»

Je lui demande quelle est l’idée du coworking. « L’idée est la suivante, beaucoup d’indépendant(e)s bossent depuis chez eux. Travailler chez soi ça va un moment. Mais au bout d’un an ou deux, on se sent enfermé entre quatre murs donc on peut penser à chercher un bureau. Mais trouver un bureau quand on est tout seul et en plus comme indépendant(e) ce n’est pas évident. Et puis on n’a pas de collègues direct(e)s. Avec un espace comme l’Eclau l’idée est de regrouper des gens qui sont indépendant(e)s mais qui veulent se mettre ensemble pour partager un même lieu »

Là se pose la question de l’ennui de l’indépendant(e) qui bosse dans sa maison. A cet instant me vient l’image de l’indépendant(e) qui va à sa pause dans sa cuisine pour boire son café et qui n’a personne à qui parler des bugs à répétitions de son ordinateur et de ce client qui lui tape sur le système : «Une certaine quantité de séparation entre le travail et la vie ce n’est pas mauvais. Ce n’est pas qu’on s’ennuie chez soi quand on est indépendant(e) mais c’est agréable de côtoyer d’autres êtres humains surtout si on a un job ou l’on est derrière l’ordinateur tout le temps, où l’on ne voit pas beaucoup de monde. C’est vrai que c’est sympa de pouvoir croiser des gens. Côté professionnel, c’est intéressant parce qu’ici on a des gens qui représentent plein de professions différentes, c’est intéressant d’être avec des gens qui ne font pas la même chose que soi.»

L’Eclau apporte des relations humaines aux indépendant(e)s. Mais du coup pensais-je, ces indépendant(e)s doivent composer avec d’autres personnes qui sont liées par aucune hiérarchie. Se pose alors pour moi une question car le coworking se passe en open space. C’est à dire en milieu ouvert. Vous n’avez pas un bureau avec quatre murs et une porte pour vous isoler des gens et du bruit. Le risque est que certains membres prennent un peu trop leurs aises ou soient un peu trop bruyants et que ça deviennent la foire du trône. Ce qu’on gagne en relations humaines ne risquait-on pas de le perdre en tranquillité ?

« Ici il y a un certain nombre de règles de vie. C’est non-fumeur, il ne faut pas manger le chat (rire sauf du chat) et on essaie de travailler de façon à respecter le calme des gens. Alors on ne veut pas non plus que ce soit une bibliothèque. On ne va pas non plus tomber dans l’extrême où l’on ne peut pas passer un coup de fil. Si on fait un long téléphone, on ne va pas rester juste à côté du bureau, on va ailleurs. Bientôt on aura une salle de réunion où les gens pourront s’isoler s’ils le désirent. » Donc vous diriez que ça se passe bien dans l’ensemble ? «Ca se passe bien, les gens ne sont pas des sauvages donc si vous voulez bosser avec la musique vous mettez un casque, vous n’allez pas mettre la musique sur vos haut-parleurs. On a quelques sonneries de téléphone mais ça ne sonne pas à longueur de journée. Si quelque chose dérange, l’idée c’est d’en parler.»

L’Eclau vous l’aurez compris est un lieu d’harmonie et de partage communautaire. Mais au fait, quel est le matériel mis à disposition ? « Une connexion Internet, une machine à café, un frigo, un coin cuisine, un fax. Une ligne téléphonique, et si un membre veut avoir sa propre ligne c’est possible. Il y a aussi plusieurs imprimantes qui appartiennent à des membres mais qu’on partage assez joyeusement. Le mobilier est intéressant pour une personne à son compte parce que quand on a un bureau en ville et bien il faut le meubler. Ici c’est meublé, il y’a des chaises, des tiroirs et des bureaux…»

Avant de vous dire s’il reste des places, il faut savoir que plusieurs formules sont proposées :

Le membre volant : Vous arrivez avec vos affaires et utilisez un bureau à disposition. A la fin de votre travail vous repartez avec vos affaires. Le membre volant avec stockage : Même chose mais à la fin de la journée vous pouvez laisser vos affaires dans une armoire ou un casier. Le membre fixe : Vous disposez de votre propre bureau. Vous pouvez laisser vos affaires dans votre bureau ou dans un casier.

Tout ça vous le retrouvez plus en détail sur le site de l’Eclau. Si vous êtes intéressé, il reste quelques places de travail pour les membres fixes et beaucoup pour les membres volants. Mais pas de malentendu, si vous vous entraînez pour le championnat du monde du lancer de fléchettes ou pour le craché de noyau de cerise dans une corbeille, ce n’est pas gagné pour être accepté. Alors, est-ce que l’Eclau accepte tout le monde ? «J’ai eu plusieurs fois des demandes d’artisans, de peintres mais ça n’est pas possible car on n’a pas la place. L’Eclau est un lieu plutôt pour des gens qui passe leur temps derrière leur ordinateur. Si quelqu’un passe sa journée au téléphone ça pourrait être aussi problématique. C’est ouvert à toute personne qui travaille sur ordinateur et qui a besoin d’un endroit où s’asseoir, d’une connexion Internet et d’un endroit où mettre sa machine. Pour cela l’Eclau peut leur convenir. »

Pour en savoir plus sur les conditions et les tarifs ou même sur le chat : http://eclau.ch/

Laurent Opoix

2 Responses

  1. Avatar
    nicolez
    | Répondre

    Bravo Laurent, comme d’hab 🙂
    Quand j’ai travaille dans l’audiovisuel à paris, j’ai travaille dans un espace co-working ou travaillait beaucoup de personnes du même secteur qui, étant pour la plupart des intermittents du spectacle, ne pouvaient pas s’offrir des locaux tout seule. Une fois qu’ils se sont mis en association co-working, chacun disposait d’un espace de travail sur les mêmes lieux que les plateforms de post-production
    etc. Bien que ces gens étaient sans doute en compétition professionnelle pour décrocher des émissions et avoir accès aux supports informatiques, l’ambiance était magnifique- la ou les gens bossaient, on se taisait, la ou on faisait la fête, on fêtait avec eux. J’ai le souvenir d’une coherence remarqable en ce qui concerne lepartage des savoirs, l’écoute….
    De l’autre coté, j’ai une copine qui travaille depuis la maison, et il fallait un temps d’ajustement pour sa famille de comprendre que si elle est a la maison,il faut quand même qu’elle travaille huit heures (voir plus) par jour et que elle n’était pas dispo pour faire les courses, amener sa mère quelque part en voiture…
    Dans ce sens, le coworking l’aide beaucoup, car lorsqu’elle a vraiment besoin de calme, elle s’installe a un bureau en tant que “membre volant.” Je crois qu’il y a un besoin humain de fréquenter l’autrui et d’avoir des échanges qui ne se relèvent pas de sens strict du boulot.
    Bref, une bonne solution, surtout en ce temps ou de plus en plus du monde travaille depuis la maison.

  2. Avatar
    Mike Nolet
    | Répondre

    Hello!

    Thank you for helping to promote coworking in Lausanne. For those looking, there’s an excellent coworking space in Ouchy, Work n’ Share that has Nomad spots available. You can learn more at http://worknshare.ch

    Cheers,

    -Mike

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.