Lausanne n’est pas Tokyo

Lausanne n’est pas Tokyo

Lausanne est verdoyante. Lausanne est vivace. Lausanne est solidaire. Mais Lausanne n'est pas tropicale. Lausanne n'est pas exubérante. Lausanne n'est pas rageuse. Lausanne est, ou Lausanne n'est pas... mais quoi qu'il arrive, Lausanne reste fidèle à elle même et c'est pour ça qu'on l'aime. Alors, en un instantané, en une embauche d'idée, en rien de bien compliqué, je vous propose un sujet attrapé comme ça, à la volée. Cette semaine, Lausanne n'est pas Tokyo.
Lausanne by night. Beau, mais moins impressionnant que Tokyo (en une).
Lausanne by night. Beau, mais moins impressionnant que Tokyo (en une).

Lausanne n’est pas Tokyo, c’est une évidence. Je ne cherche pas à comparer les 13 millions d’habitants de Tokyo aux 130 000 de Lausanne… qui pourrait d’ailleurs à peine être comparée à un quartier tokyoïte. Mais il est pourtant intéressant de comparer brièvement le fonctionnement de leur population respective.

Car même si Tokyo est l’objet d’une série discontinue de fantasmes, bien méritée d’ailleurs, et que sa beauté n’a d’égale que sa laideur (comme beaucoup de grandes villes), son organisation millimétrée cache un malaise plus profond, propre au peuple japonais lui-même, mais exacerbé dans une mégapole si gigantesque.

Pour l’Occidental que je suis, le choc a été grand ! Ne jamais dépasser la ligne, marcher dans le bon sens sur le trottoir, faire la queue sans cesse et en ordre à toute occasion ne pas traverser quand le feu est rouge et que pourtant la rue est déserte, mais aussi ne pas trop remercier le vendeur qui vous a assisté au combini (magasins d’alimentation de proximité, qui foisonnent à tout les coins de rue), ne pas forcément donner sa place assise à une vieille dame dans le métro, ne pas embrasser sa copine (son copain) en public… Là-bas, le paradoxe règne. La conscience est plus collective qu’individuelle et il en va donc de même pour la liberté. La société passe avant tout, l’individu, ses émotions et ses désirs sont, eux, refoulés, ou ne s’expriment que dans un cadre bien précis, réglé lui aussi d’avance.

La célèbre image qui démontre bien l'organisation à l'extrême de la capitale nippone.
La célèbre image qui démontre bien l’organisation à l’extrême de la capitale nippone.

À Lausanne, tout est plus simple et aussi plus compliqué. Car, à part les règles de respect basiques (« la liberté s’arrête là où commence celle des autres »), nous pouvons faire à peu près ce que nous voulons. Tout y est plus instinctif, un peu plus chaotique, mais du coup plus confortable et plus reposant. La seule pression qui nous accable ici est celle de devoir faire nos courses avant la fermeture des magasins (puisque la Coop Pronto de Chauderon n’en est désormais plus une), alors qu’à Tokyo, faire ses courses à 3h00 n’est pas un problème, car au moins trois combinis, ouverts TOUT le temps, sont à maximum 100 mètres de chez vous. Mais pour le reste, Lausanne reste une ville où il fait bon vivre et où personne ne vous regardera de travers si vous traverser une rue sans voitures, hors des clous, avec le feu rouge… Après, si quelqu’un vous double dans la queue, vous pouvez toujours aller le voir, lui dire que ça ne se fait pas. La majorité des gens s’excuseront. Les autres commenceront à argumenter et un conflit naîtra, mais après tout, un peu d’adversité de temps en temps n’a jamais fait de mal à personne. Et sinon, vous pouvez aussi simplement ignorer et ne pas gâcher votre énergie avec ça.

La nonchalance légendaire des Lausannois.
La nonchalance légendaire des Lausannois.

Lausanne n’est donc pas Tokyo, certes pour des raisons évidentes, mais surtout les Lausannois ne sont pas des Tokyoïtes. Chaque culture fonctionne à sa manière, aucune n’est meilleure que l’autre, mais chacun a la possibilité de se faire un avis, et le mien penche définitivement plus du côté de Lausanne, de sa nonchalance, de son respect (ou pas) mérité et franc, plutôt que la restriction émotive et frustrante, mais du coup plus organisée, de Tokyo.

Faites votre choix, donc. Ou peut-être l’avez-vous déjà fait.

Bon après, quand la nuit tombe rien n’est plus vraiment pareil, surtout après quelques verres de sake chaud… mais ça c’est une autre histoire.

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Photos © Gentside, Schwizgebel et Lausanne Bondy Blog.

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