Emilie Zoé : « Jouer sur scène, c’est revisiter sa musique. »

Emilie Zoé : « Jouer sur scène, c’est revisiter sa musique. »

Vendredi 27 mai, Emilie Zoé vernissait son premier LP « Dead-End Tape » au Bourg. Curieuse et déjà séduite par l’écoute de « My Shadow on the Wall » , disponible sur Spotify, je suis allée à sa rencontre.
Soundcheck.
Soundcheck.

Le Bourg, 19h30. J’arrive devant la porte pour interviewer Emile Zoé. C’est le vernissage de son premier Long Play, « Dead-End Tape » (à écouter ici) sur scène ce soir et, comme promis dans l’OCUB 71, me voilà intra muros ! Après un « coucou » au travers de la porte vitrée, on m’ouvre et on me sert une bière dans la foulée. Les artistes, Emilie Zoé et Nicolas Pittet, avec qui elle se produit en duo, terminent le soundcheck.

Emilie est issue des milieux rock lausannois et joue depuis ses 18 ans. Repérée, elle accompagne Anna Aaron en tournée entre 2011 et 2014. En 2013, entre deux dates, elle bosse et enregistre un EP, « Empty », autoproduit et salué. Cette première expérience, de la création à la production d’un CD, l’amène à s’interroger sur sa manière d’apprécier la musique : « J’aime les sons bruts, les petites formations, les respirations. Une musique vivante, plus humaine et plus sincère. »

.

 

Une musique instinctive  

Enregistrés sans ordinateur, les onze titres qui composent « Dead-End Tape » sont nés d’un heureux hasard. Louis Jucker, de chez Hummus Records, lui a dit « On teste un truc ? » Ni une ni deux, les deux complices s’exilent dans le Jura. « Il n’y avait pas de but, juste l’envie de réaliser des sons. A la fin, cela a donné onze chansons. » Ils n’ont pas touché à leur ordre d’enregistrement. « Ça me plaisait dans l’esthétique. C’est épuré, on entend tout. » « Dead-End Tape » est une expérience instinctive poussée à son paroxysme. Le son a été saisi sur un enregistreur quatre pistes cassettes, un outil qui ressemble à une petite table de mixage et sur lequel chaque tentative d’enregistrement équivaut à jouer le morceau dans sa totalité. En un mot comme en cent, c’est l’équivalent musical du plan séquence cinématographique. Quant à la construction des titres, elle s’articule autour d’éléments simples : une guitare, une voix. De-ci de-là, « des petits jouets » font irruption : le tintement des clochettes, le battement d’un métronome. La musique d’Emilie Zoé porte la patine du temps, une douceur empreinte de mélancolie. Quant aux textes, ils sont tantôt criés au magnétophone, tantôt susurrés au creux de l’oreille. Poétiques. « La plupart du temps, je sens que je suis dans une période où je peux écrire une chanson. C’est des moments où j’ai le temps de réfléchir. Ensuite, tout vient de manière mélangée. Par bouts. J’aime un bout. Je lui crée alors des extensions. »

Dans l'entrée du Bourg, vers 19h30.
L’entrée du Bourg, vers 19h30.

De l’exil créatif à la scène

Emilie Zoé signe un LP intime qui se prête plus à l’écoute solitaire qu’à l’expérience collective qu’est le concert. « Sur scène, tu sais que tu joues pour des gens. C’est une toute autre manière de s’exprimer, de raconter ce qui se passe dans ces chansons. » Aussi, les titres s’habillent d’une batterie, d’un synthétiseur et d’une seconde voix, celle de Nicolas Pittet. Si cette première transformation musicale est flagrante à l’écoute, il y en a également une deuxième, plus personnelle. « Jouer sur scène, c’est revisiter sa musique. Parfois, elle change de signification. Tel ou tel passage devient alors, par exemple, le moment que je préfère jouer avec Nico’. » Face à l’autre, avec l’autre, le rapport à sa production artistique évolue. « De plus en plus on écrit à deux. Maintenant, ce n’est plus un travail solitaire et j’espère que cela le sera de moins en moins. » Seule, Emilie ne le sera certainement pas, ce soir, dans cette salle du Bourg. « Après six ans d’absence, je ne crois pas que je me sente toujours lausannoise. Mais le Bourg, c’est le premier endroit où je me suis produite. J’y ai vu des concerts qui m’ont vraiment marquée, comme celui de Meril Wubslin. C’est une salle où je me sens à la maison. » Une maison dont Emilie connaît les habitants, ceux qui y travaillent et qui lui ont souvent dit de penser à eux au moment où elle chercherait un endroit pour se produire. C’est chose faite ! Dans une heure environ, le vernissage de « Dead-End Tape » débute. L’occasion pour Emilie Zoé de dire à ses proches : « Regardez, j’ai fait un disque ! »

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.