Dansez le 3ème printemps !

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A l’occasion de la Fête de la Danse, le Théâtre Sévelin 36 propose un spectacle interprété par des femmes de 60 à 80 ans, et plus. Ayant eu l’occasion de participer à l’une de leurs séances de travail, je vous propose de découvrir ce projet original et intéressant qui sera présenté les 13, 14 et 15 mai au Théâtre Sévelin 36.

Le Théâtre a déjà accueilli deux projets de Community dance, Etrange(r) en 2004 (sous la dir. de Karine Grasset) et Identité(s) en 2007 (sous la dir. de Karine Grasset et Géraldine Chollet). Ces deux projets demandaient la participation d’adolescents* migrants, âgés de 16 à 20 ans. Enthousiasmé par ces projets, il a été décidé de prolonger l’expérience et de créer un spectacle qui s’intéresserait à l’autre bout de la palette des âges, comme il est décrit dans la présentation, c’est-à-dire de créer avec des personnes âgées de 60 ans et plus.

Community Dance

La Community Dance est née en Angleterre au début des années 70. A l’origine, ce mouvement a été créé par des pédagogues de la danse désireux de garantir l’accessibilité de ces disciplines pour tous. Depuis, le mouvement s’est développé et structuré. La Community dance met l’individu au centre de sa pratique, elle aide à découvrir sa créativité et s’adresse à tous, qu’importe sa culture, son expérience, son sexe ou son âge. Danser le troisième printemps est donc bien un projet issu de ce mouvement, s’adressant à des personnes de 60 ans et plus.

La danse comme plaisir

Le projet est intéressant dans le sens où il met en lumière certains stéréotypes que l’on peut avoir sur le monde de la danse. En effet, cet art s’adresse et est pratiqué dans sa représentation collective, aux corps jeunes, harmonieux, ou athlétiques. Il est certainement déstabilisant d’imaginer que des corps plus âgés peuvent également être en mouvement d’une façon tout à fait harmonieuse. Comme le rappelle le Théâtre Sévelin 36, il peut être difficile de se souvenir que la danse prend avant tout sa source dans le plaisir, la curiosité et la confiance et que d’avoir un corps athlétique peut n’être que secondaire. Ce projet a eu comme objectif d’accompagner un groupe de personnes désireuses d’expérimenter la danse comme une source d’expression et de créativité, à partir d’un corps et de potentialités physiques qui sont singulières à chacun.

Le spectacle a comme fil rouge le thème de la transmission. Thème important pour cette étape dans la vie, transmission de ses expériences, à ses amis, à sa famille, à ses enfants ou petits-enfants. C’est aussi le moment, pour certains, de penser à sa propre fin et peut-être de réfléchir à ce que l’on aimerait transmettre. Ce thème, dans le monde du spectacle, prend un sens complémentaire bien que différent, celui du partage. Pouvoir transmettre une idée, un mouvement, une proposition et savoir la retransmettre plus loin est essentiel lors d’une création artistique.

Une véritable performance

Lors de la discussion que nous avons eue avec la chorégraphe, les interprètes et les quelques spectateurs, le sentiment d’harmonie, de luminosité, de grâce, d’espièglerie même, parfois, qui émane de ce spectacle est unanime. Les scènes qui se sont succédées étaient riches, sensibles, symboliques et touchantes. Alors que c’était une étape de travail, c’est-à-dire qu’il n’y avait pas les arrangements de sons et lumières, les séquences présentées ont créé une émotion que le public et moi-même avons vraiment ressentie. J’ai eu l’impression d’assister à une véritable représentation. Ces femmes étaient concentrées, précises et gracieuses. Elles interprétaient différents thèmes et à divers rythmes. Les liens qui se sont tissés entre elles étaient presque perceptibles dans le spectacle, comme elles nous l’ont témoigné. Elles ont travaillé quatre mois et ont senti que naissaient de véritables amitiés entre elles. Cette discussion et les témoignages étaient pleins d’émotion, on sentait que certaines ont peut-être été surprises et fières de pouvoir créer ce spectacle. J’ai été admirative de leur performance, leur précision, leur agilité, leur courage et leur audace, parfois.

Les échos que j’ai pu entendre allaient eux aussi dans ce sens, c’est-à-dire que ces femmes avaient, pour certaines, éveillé leur créativité et leur plaisir à danser. La chorégraphe, Adina Secretan, nous a expliqué que c’était une création commune, dans le sens où les participantes proposaient des idées qui étaient par la suite mises en scène avec son aide. Ce qui était particulièrement important a été de voir non pas ce que le corps âgé ne pouvait plus faire mais de découvrir ce qu’il peut encore accomplir. Après une phase d’expérimentation où les danseuses ont pu improviser, essayer et chercher des propositions, le spectacle a pris forme, dans un second temps, fort de ces idées.

Le résultat de ce beau projet sera présenté le 13 mai à 16h, et lors de la Fête de la Danse les 14 et 15 mai prochain, à 16h au Théâtre Sévelin 36.

* Pour la lisibilité de ce texte, je n’utiliserai pas un langage épicène. Néanmoins, je tiens à rendre attentive.if la.le lectrice.eur que je parle à la fois des femmes et des hommes dans ce texte.

Illustration du titre de David Gagnebin-de-Bons. 

Images de Jenny Fazan.

                                                     

                                              

                                                   

                                                   

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